Jeudi 6 janvier, 23h43
Nuit tempétueuse sur Lyon et
toux prononcée pour moi.
Depuis que Mélenchon a pris
le large, barre à l’extrême gauche, sa vraie nature s’impose, populisme bien
gras en bandoulière. A la disgrâce de sa trogne il ajoute l’indécence des propos
et l’obscène abstention. Cuba ? Quasiment un régime bienfaisant si on le
compare aux USA ! Il faudrait lui faire bouffer la liste ensanglantée des
milliers de victimes de ce régime dictatorial de la pire espèce, celle qui se
parade généreuse pour mieux anéantir les déviants. Tout à fait révélateur du
fond idéologique du politique Mélenchon. Ses attaques en règle de la
corporation des journalistes pourraient le rendre sympathique, mais c’est
oublier la terreur sous-jacente qu’il prône pour que son programme s’applique.
Les Éditions Arthaud et PPDA
se ridiculisent dans une affaire de plagiat et les explications loufoques de
l’éditeur.
Samedi 8 janvier
Mélenchon (Jean-Luc) : tronche de travers pour discours déviant. L’ex grouillot du PS
s’est reconverti en chantre du nationalisme social sur le cadavre de la
Constitution européenne.
Par un beau matin de 2011,
invité sur la radio nationale, il s’illustre par une défense appuyée de la
dictature castriste. Son « bilan globalement positif » à lui sonne
comme une tartuferie de plus de cette gauche prétendument nouvelle et sans
concession. Le pourfendeur de la caste journalistique s’est trompé et d’époque
et de vocation : c’est dans la peu glorieuse traînée des Rochet et
Marchais qu’il aurait pu épanouir ses talents de Grand Lécheur d’autocrates
anticapitalistes.
Arthaud :
pas le lumineux et transcendant poète – il faudrait avoir fumé du hasch pour
confondre – mais le pitoyable éditeur qui devrait récurer ses écuries et virer
quelques canassons dont le seul talent est de posséder un patronyme encore
porteur dans la sphère médiatique. A noter : un ouvrage imprimé,
massicoté, dos carré collé ou broché, envoyé à la presse et qui comporte de
larges emprunts à un auteur américain ne serait qu’une « version de
travail ».
A force de vouloir coûte que
coûte maintenir sa réputation d’auteur, PPDA finit par une autobiographie peu
glorieuse : Le vieil homme et sa
merde.
Lundi 17 janvier
Pitromatie à immoler
Croire servir une noble cause
en excusant les raideurs autocratiques de régimes en place est un calcul à
courte vue. Le sirocco tunisien vient de balayer quelques certitudes
encroûtées.
Un coup à gauche, le
vitupérateur Mélenchon s’érige grand défenseur de la clique castriste, égrenant
les circonstances atténuantes comme l’aurait fait un Marchais pour son Brejnev.
Quel touchant esprit de corpus idéologique ! Si seulement le peuple cubain
pouvait s’inspirer du souffle populaire tunisien pour faire se tordre davantage
le rictus de l’effronté de gauche…
Un coup à droite, l’Alliot-Marie
se fait grande prêtresse de l’Ordre, y compris auprès d’un État policier, ne
parvenant plus à identifier les codes de sa fonction actuelle distinctes de
ceux d’un ministre de l’Intérieur. Nous voilà dotés d’une espèce de ministre de
l’Extérieur, totalement étrangère à ses dossiers… Des déclarations finalement
pas plus incongrues que celles d’un Bernard Kouchner en 2008, lui-même
confortablement enkysté dans la tradition diplomatique française.
L’aveuglement volontaire
s’expliquerait par la frousse de l’islamisme. Rappelons-nous, en effet, la
dérive iranienne après la chute du Shah, évoquons l’ascension du Front
islamique du Salut en Algérie… la démocratie, oui, mais uniquement lorsque cela
colle à nos modèles et sert nos intérêts.
Entre la naïveté suicidaire
et le cynisme coupable, ne pourrait-on viser une attitude cohérente, ne
serait-ce que par le verbe d’une diplomatie qui soit autre chose qu’une bien
triste pitromatie, sans pour autant
s’interdire tout rapport avec des régimes honnis. Fréquente ton ennemi pour
mieux le neutraliser le moment venu.
L’aspiration tunisienne ne
peut se contenter de la fuite d’un Ben Ali. Une purge des pratiques coercitives
et de la corruption gangrénante s’imposera. Autour, quel peuple se contentera
des oboles étatiques, quel autre affirmera l’épaisseur de ses objectifs ?
La liste des dirigeants monopolisant le pouvoir politique est longue dans la
région, depuis le raide Kadhafi jusqu’à l’essoufflé Moubarak en passant par
l’entouré Bouteflika.
Passionnante destinée qui
s’ouvre pour la Tunisie, bouleversante pour ceux qui la vivent dans leur chair,
la voix porteuse d’une onde fondatrice. L’occasion pour nous, peuple de France,
d’un peu d’humilité pour gérer notre carapace de libertés conquises par nos
aïeux : nous ne bougeons plus que pour de prosaïques causes. Hystérie des
soldes d’un côté, révoltés du sol de l’autre : le cœur cultive sa noblesse
lorsqu’il est encore en état de conquête. Parvenus d’un système qui tourne sur
lui-même, sans plus de réel dessein mobilisateur, nous feignons l’indignation
quand d’autres se dressent en torches alarmistes.
Dimanche 30 janvier
Traînée de poudre via
Internet, les élans révolutionnaires se propagent en Égypte, mais les caciques
semblent bien enkystés à la tête du pays. L’histoire du Maghreb s’emballe et
nous regardons cela du fond de notre pays en crise, las de son système qui fait
pourtant rêver tous ces peuples.
Lundi 31 janvier
L’armée égyptienne semble se
désolidariser du pouvoir central : même penchant qu’en Tunisie. La grande
bénéficiaire des subventions américaines a entendu le message d’H.
Clinton : le débarquement de Moubarak est inéluctable, le processus
démocratique doit s’encadrer sans violence. Demain, la manif révolutionnaire à
un million pourrait être déterminante. Cela doit faire baver d’envie certains
gauchistes radicaux en quête de mise à bas du système. Ils devraient d’ailleurs
profiter de l’assimilée grève des CRS pour attaquer les centres du pouvoir
politico-économique.
Pas de nouvelles familiales
récentes. Le temps file, chacun à sa vie.
Curieux rêve, nuit
dernière : un retour à Éragny pour tenter de retrouver la jeune fille
(devenue femme mure) qui me faisait fantasmer en face de ma fenêtre. J’apprends
qu’elle se serait suicidée… choc onirique.
Quelques pages des Bienveillantes avant la plongée
nocturne. J’ai commencé seulement hier la phase deux du récit,
« Courante ».
Jeudi 3 février, 23h05
Face au quasi unanimisme du
peuple tunisien pour que déguerpisse l’insane Ben Ali, les Égyptiens présentent
la mine de la guerre civile. Les partisans de Moubarak entrent dans la danse
pour briser les opposants. L’armée jouerait-elle un double voire un triple jeu
ou n’est-ce que la manifestation de ses dissensions internes ?
Vendredi doit mobiliser le
camp révolutionnaire… peut-être des coups de boutoir encore plus radicaux des
soutiens du pouvoir en place.
Le reste de l’actualité se
dégonfle à côté des moments historiques qui se déroulent sous les caméras du
monde entier, même si les médias ont de plus en plus de difficulté à exercer
leur métier.
Jeudi 10 février, 23h30
Pas encore pour ce soir la
fin de partie de Moubarak. Discours décevant pour les révoltés de la place
Tahrir : il garde ses fonctions mais délègue ses pouvoirs à Souleman,
l’homme adoubé par l’armée. Accroché au poste qui lui a permis d’amasser plus
de trente milliards de dollars, le vieil autocrate égyptien se sera déshonoré
tout seul. Incapacité d’intégrer le changement d’époque avec un peuple
déterminé à mettre à bas ce système nécrosé, le raïs voit se profiler une fin
bien lamentable au regard de la népotique issue qu’il avait programmé.
Pendant cette histoire en
marche, le Michel Droit de Sarkozy
animait par petites touches moelleuses un Face
aux Français que je n’ai pas eu envie de regarder. Le C dans l’air de demain, s’il lui est consacré au lieu de retenir
les derniers développements en Égypte, me suffira amplement.
Dimanche 12 février
Abats de dictatures
Les dictateurs ont-ils perdu
la turgidité de la vraie tyrannie ? A trop singer le système démocratique,
deux présidents-autocrates ont interrompu leur mandat emphytéotique. Les
peuples enthousiastes veulent se doter au plus vite de notre régime politique.
Le souffle déterminé de
quelques centaines de milliers de personnes aura suffi à déboulonner ceux que
nos vieilles démocraties occidentales jugeaient comme les plus fréquentables de
la région. Que des masses pacifiques prennent le risque du massacre par
l’autorité en place pour rejoindre le cercle restreint des vraies démocraties
tourneboulent nos propres insatisfactions mal placées.
La mondialisation, tant
critiquée par les peuples aux économies les plus avancées, a cette vertu de
mettre sous les yeux des opprimés des modèles dignes de combat. Face à eux, des
dictateurs sans idéologie, obsédés par la captation financière, gâtés jusqu’à
l’os, molles pourritures naguère perfusées pour garantir nos propres intérêts
géopolitiques. Le tournis me prend : les peuples arabes veulent-ils un
pouvoir similaire à ceux qui se sont acoquinés avec leur illégitime dirigeant
dégagé ? Prendre un peu de champ
entre deux journées historiques pour relativiser…
Restent les armées à la
passivité cruciale pour que ces révolutions n’avortent pas dans un bain de
sang. Ce n’est pas le moindre des paradoxes que ces corps constitués pour la
guerre assurent la transition pacifiée vers l’ère démocratique. Les Etats-Unis
devraient proposer leurs largesses aux troupes inflexibles de Corée du Nord et
d’ailleurs…
La popularisation des
techniques de communication a également permis d’agréger les volontés et de
dénoncer par l’image les amorces répressives de la police aux ordres. Il existe
bien une caisse de résonance mondiale pour des aspirations clamées : le
concert des populations a eu la peau des vieux chefs d’orchestre dissonants.
Lyrisme facile avant les contraintes prosaïques.
Que tous ces gens fraîchement
libres profitent, sans en perdre une miette, de cette phase passionnante de la
reconstruction politique de leur pays. Après viendra le temps gris de la
désillusion, du blasement cultivé pour occulter ses propres
inconséquences : époque égrotante de nos (trop) mûres démocraties en quête
d’un nouveau souffle.
Mercredi 16 février
Appel des parents de
BB : Albert de Toussieu est décédé vers 14h aujourd’hui. Son cancer du
foie ne lui aura laissé qu’une année de survie.
Dimanche 20 février
Hier, cérémonie en hommage à Albert
G sans la rupture du pain… selon sa volonté. Au moins trois cents personnes
dans la petite église.
Nombril : vestige de
notre première rupture reconvertie en incongruité à produire une crotte de
poussière quotidienne.
Vendredi 4 mars
Souffle d’enthousiasme à
chaque croisement à distance de l’éclairé Lucchini. L’intelligence fuse, la
joyeuse et virevoltante imprégnation littéraire nous accroche : il sent la
situation et s’y déploie sans grotesque. L’éloquence a son icône, la digression
son maître, la répartie son charmeur…
L’ouvrage Les Bienveillantes accompagne mes
préludes au sommeil, comme un rappel du pire de l’histoire humaine. Quelques
pages de cette prose maîtrisée, retenue mais implacablement évocatoire, pour
suffoquer avec les protagonistes de cette destruction des biens, des corps et
des âmes : l’abjection finale mise en pages sans excès littéraire, le
propos suffisant à déranger au profond de soi.
Gorbatchev fête ses 80
ans : personnage considérable qui a fait prendre à l’humanité une
trajectoire salvatrice. A l’heure où l’insane Kadhafi s’arqueboute pour un
pouvoir liquéfié, voilà un homme d’État central pour l’histoire de la fin du XXème
siècle.
Samedi 5 mars
Chirac – s’ – en balance !
A l’heure où des peuples
Outre-Méditerranée tentent, au prix de leur vie, d’engager leur pays sur la
voie complexe d’embûches des États de droit, nous serions inspirés de leur
présenter une République française un chouia plus aboutie : un petit pas
judiciaire, mais un bond de géant pour la séparation des pouvoirs.
Jusqu’à présent, nous n’avons
jugé nos dirigeants qu’à l’occasion d’un changement brutal de système
politique. Un Louis XVI « coupé en deux morceaux », pour reprendre
l’expression de l’indigné magistral Badinter (que j’eus le privilège d’avoir
une année comme professeur d’amphi lors de mes études sorbonnardes), un
Napoléon déclaré « traître et rebelle » par ordonnance, quelques
piteux exils, un Pétain condamné à mort sans exécution : hétéroclite
brochette qui s’est étoffée au gré des soubresauts de notre histoire. C’est ce
modèle que suivront les Tunisiens, Égyptiens et Libyens s’ils parviennent à
attraper leur (ex) autocrate respectif.
En 2011, l’occasion se présente
enfin pour nous de juger un ancien président sans changer de République. La
possible maturité du fonctionnement d’institutions aguerries se profile.
Certes, les affaires qui doivent occuper la Justice n’ont rien de commun avec
les crimes que l’on peut reprocher aux Ben Ali, Moubarak et Kadhafi l’insane.
Le tribunal correctionnel de Paris doit juger un démocrate convaincu qui a,
sans doute, distribué un peu trop de confiture pour asseoir sa conquête du
pouvoir et récompenser des fidélités politiques. Rien de criminel, mais du
répréhensible condamnable, comme pour tout citoyen.
Certains s’émeuvent qu’on
puisse faire subir l’humiliation de la comparution à un ancien chef d’État
« fatigué, vieilli, victime d’une certaine usure (…) marqué par une
certaine passivité » pour reprendre les formules jospiniennes cette fois
de bon aloi. Tout ancien président de la République qu’il est, il doit répondre
de ses responsabilités passées, comme a dû le faire notre nouveau et frétillant
ministre des Affaires étrangères. A l’impunité présidentielle devrait s’ajouter
la complaisance envers le Corrézien cacochyme ? Ce serait la négation même
d’une Justice égale pour tous. Alors oui, bien que fragilisé Jacques Chirac
doit cela au pays qui lui a permis une carrière politique prodigieuse, mais pas
toujours vertueuse. Pour lui, l’heure du bilan passe aussi par la case
judiciaire.
C’est malheureusement sans
compter avec la finauderie de son talentueux avocat, maître Le Borgne. Pour un
justiciable hors norme, la question prioritaire de constitutionnalité va
connaître son baptême des toges et la procrastination de l’aveugle Justice
reprendre son cours désespérant. Une nouvelle dérobade, réflexe habituel de
l’ex carnassier de la politique qui, en ce sens, n’a pas vieilli et encore moins
mûri. Pour détourner une de ses expressions favorites : ça ne lui en
touchera pas une de peur que l’autre ne se décroche… Dommage pour l’exemplarité
de notre Cinquième…
Qu’un Nicolas Sarkozy
laisse traîner quelques casseroles au sortir de son quinquennat et nous
pourrions obtenir une détermination du pouvoir judiciaire bien plus mordante
contre celui qui l’aura malmené. L’esprit de corps a la rancune tenace. Pas sûr
que ce soit la posture la plus sage pour juger un ancien président.
Mardi 8 mars
La part de l’héritage
génétique semble réduite à la portion congrue pour Arno Klarsfeld. Autant ses
parents, Serge et Beate, illuminent par leur présence et la clarté de leurs
propos, autant le rejeton crispe l’attention par tout ce qu’il tente de sortir
de lui.
De passage heurté dans
l’émission Mots croisés de Calvi, il
nous a farci des longueurs balbutiées sur le droit américain en matière de
liberté d’expression. Sa pensée semblait dépassée par le brouillon d’une
élocution en déconstruction, une piètre plaidoirie de l’avocat aux mains
rougies et tremblantes. A répéter quatre fois le même argument, on le sentait
davantage maître d’un raisonnement simplifié, mais au prix d’une lassitude
agacée du téléspectateur.
En face, Didier Porte le
lourd se satisfaisait d’un anti-zemmourisme primaire alors qu’il avait été
associé au camp des partisans d’une liberté d’expression non bridée.
Tableau de teintes vagues à
reléguer au rang des croûtes indigestes.
La QPC, point la question
prioritaire de constitutionnalité, mais la Quête du Procès Chirac…
Vendredi 11 mars
L’an 2011 se marque de ma
première sortie ensoleillée au part Tête d’Or. Presque de l’estival pour se
régénérer. Les Japonais de Tokyo et ses alentours vivent l’après gros
tremblement de terre sans stress excessif faisant montre d’une maturité dans la
culture du risque. Pas de déresponsabilisation en forme d’échappatoire qui
reporte sur l’autre, sur l’entité supérieure, abstraite et accommodante ses
propres inconséquences.
Là, le parc immobilier a
intégré le meilleur des critères parasismiques sans économies coupables
(rappelons-nous les dérives turques). Le capitalisme est donc bien compatible
avec une certaine morale dans l’action. La rançon de cette éthique envers soi
et ses congénères : un bilan quasi miraculeux suite aux tremblements
cataclysmiques et une gestion exemplaire du déferlement d’un tsunami.
Mardi 15 mars, 23h04
A chaque demi journée sa
dégradation de la situation nipponne. On reste médusé face à cette
démonstration de puissance colossale de la nature et l’impact sur la frêle
civilisation, au point de déclencher le pire pour le nucléaire civil japonais.
La mine du chevronné Alan de Chalvron, du Gicquel puissance dix, suffit à
calmer les plus guillerets d’entre nous. Pas de quoi rire, en effet. Le triptyque
infernal de cette catastrophe mi naturelle, mi industrielle, séisme, tsunami,
nucléaire incontrôlé, nous remet les réalités en face, très loin des
préoccupations presque poétiques de ces dernières semaines.
A ce drame absolu s’ajoute la
sanction financière, du fait de l’implacable panurgisme des spéculations.
Au bout
Dubout !
Le caricaturiste Albert Dubout aurait croqué
l’époque sans déceler de changement dans le comportement des gens du XXIe
siècle. Les entassements de braillards difformes sévissent toujours, la jungle
surpeuplée des soldes commerciales qui implique d’écraser l’autre pour remplir
au mieux son panier n’a pas varié d’un iota, les couples improbables, mal
associés, franchement disgracieux, qui s’étripent sur l’air de l’union singée ont
toujours droit de cité… Suivons à la loupe ces foules comme autant
d’individualités, mais sans espérer d’individualisation des attitudes : ça
gueule uniformément dans une obscénité des trognes.
Son penchant pour les chats le rapproche de
son aîné Léautaud, mais pas seulement : la sévérité de son trait complète
le cynisme des lignes du bourru de Fontenay. Un pot commun de misanthropie
distillée par une gouaille vivifiante. Moquons-nous,
c’est grave ! reprennent-ils en chœur.
En 1940, pour capter
l’ambiance sociale à l’amorce d’un nouvel affrontement franco-allemand, Dubout
saisit une pleine page de situations quotidiennes à la sauce ypérite :
chacun doit porter la tenue protectrice contre le gaz moutarde qui pourrait
frapper au cœur des villes. La débâcle discréditera ce scénario, mais l’artiste
avait génialement capté l’hystérie collective qui accompagne toute menace
colportée par les médias et la rumeur publique.
Ainsi le digne Japon,
et ses catastrophes cumulées, souligne la fragilité de notre civilisation
confortable grâce aux apports des risques technologiques. Une ambivalence que
l’on doit assumer sauf à pratiquer l’hypocrite posture d’un Etat qui
rejetterait le nucléaire civil tout en important de l’électricité nucléarisée des nations qui assument le
danger inhérent à cette forme de production.
Alors quoi ?
Va-t-on décréter le confinement idéologique de toute prise de risques ?
Que l’on améliore sans cesse les protocoles pour la sécurité, mille fois
oui ! mais pourquoi fantasmer sur une sortie du nucléaire alors qu’aucun
pays n’est autosuffisant en électricité produite par des énergies
renouvelables…
Une centrale fermée,
c’est mille éoliennes à déployer sur le territoire… avec la réticence des
grincheux ruraux qui s’érige dès qu’on ose la « pollution visuelle »
de leur coin de paradis. Les « imbéciles heureux qui sont nés quelque
part », définitivement ridiculisés par Brassens, encombrent encore nos
contrées. Les mêmes beugleront si jamais l’une des centrales se grippe,
celle-là même qui les aura dispensés de ces étendues de poteaux à hélices.
Il vaut donc mieux
partir d’un rire magistral par quelques fresques cathartiques à la Dubout où
chacun reconnaîtra la vilenie du voisin, sentant confusément qu’il n’est pas
épargné par le cirque permanent de nos sociétés débordantes de tout et
insatisfaites de tout.
Lundi 28 mars
Jour d’absence
professionnelle pour suivre les travaux de réfection du parquet de notre pièce
principale. Débarrassage ce week end de tout ce qui peuplait cet espace à
vivre. L’intervention du jour s’engage bien avec un ponçage achevé et les deux
premières couches qui ont la nuit pour sécher.
Samedi 9 avril
Samedi 9 avril
Des bris
du monde
Des
traques s’éternisent. Marâtre Nature s’échine à débusquer les grappes nippones
qui résisteraient aux appels du couchant. A dix mille de là, je m’enthousiasme
des poussées bourgeonnantes. La dérive plus au sud présente quelques souches
autocratiques qui s’illusionnent sur leur ramure : en tête de boue
rougeoyante le plissé de Libye et le gondolé de Côte d’Ivoire. Darde l’astre à
la Tête d’Or, tardent les désastres crépusculaires qui accentuent les écarts de
destinée. Pour l’hexagone, tant que l’emprunt va, tout va… à vau-l’eau certes,
mais pas au chaos.
Le
petit temps imparti ne favorise pas la juste partition au diapason de nos
perceptions. Les décennies se bousculent aux artères et, sans une part de
renoncement, la divergence avec soi s’accroît. Que vaut-il mieux ? La
turgide indignation au risque de l’obscénité, rappel de la sentence
bernanosienne, ou l’effacement sans objectif pour faire sage et
fréquentable ? J’ai choisi : raréfier les attaches, desserrer
l’emprise et s’irriguer des bris du monde.
Sa
complexité exige de s’affranchir de la grossière linéarité narrative. Peu
importe si j’indiffère le gros du lectorat suceur du Rot-Ment, la vache-à-laids
de l’édition commerciale. Je m’ancre hors circuit à la quête des jeux
abstractifs du langage polysémique. Charge, charge ! que le reproche
s’aiguise et l’attention se détourne…
Les
mêmes qui font grand cas de l’art abstrait ne souffriraient pas l’excès
conceptuel dans l’écriture. Même la poésie se ratatine au raz des pâquerettes
qui puent.
La
transcendance textuelle ? Crime contre la simplicité. Etre accessible,
compréhensible, audible… aller se faire foutre, est-ce de bon ton clair ?
Je
ne rejoindrai pas ces monceaux imprimés que leurs auteurs s’obsèdent à purger
de toute saillance absconse. Quel confort d’être peu lu : ça évite
d’emblée les cons ambiants qui pollueraient mes pages. A moi l’écriture
jubilatoire, sans honte des mots longs, des expressions chargées, des phrases
alambiquées.
De
la simplicité au simplisme, et du simplisme à la barbarie, la voie s’abrège
sans fioriture… Juste les débris collatéraux des tourments en cours. Bribes
d’êtres humains sacrifiés au nom de la mortifère simplification politique.
Comme un mauvais roman aux fresques nauséabondes. A expectorer au loin…
11h16.
Appel d’Annette, la voix chevrotante, pour m’annoncer le décès de René, quelques
semaines après celui d’Albert. Nouvel enterrement en vue avec la fatigue des
voyages pour le couple B. Dure période qui va voir se multiplier les
disparitions…
Mercredi 20 avril
Radieuse,
ma ville de Lyon : je m’y détends au bord du Rhône à un point d’assise de
ce tracé de vie.
Achat
ce matin à la Fnac du coffret fraîchement sorti sur le procès de Klaus Barbie
tenu à quelques centaines de mètres d’ici dans l’imposant palais de justice
depuis lors historique pour avoir fait comparaître l’ancien chef de la Gestapo
de Lyon.
Vingt
heures en six DVD sur les cent quarante du procès, toutes les audiences ayant
leur part. Un art subtil de la sélection : rester fidèle aux contraintes
protocolaires d’un procès d’assises tout en transmettant sa dimension capitale
pour l’Histoire.
Dès
les premières images, heureusement dispensées de tout commentaire, on s’immerge
dans cette gravité presque oppressante d’un moment unique de la Justice.
L’arrivée du vieillard au regard vif, mi détaché mi intrigué, catalyse
l’émotion sur le hideux passé. L’impeccabilité de l’uniforme SS chargé
d’insoutenables tortures, d’acharnements mortifères, d’exactions sans pitié.
L’inhumanité d’apparat accompli. Pour l’assister, l’implacable et brillant
maître Vergès, affuté pour cette affaire hors norme.
Lundi 25 avril
A notre
guerrière danse !
A
moi de jouer : la piste sablée file le tournis avec sa clameur alentour.
Viens vers moi, à l’instinct, sans retenue. Que s’accomplisse notre ronde de
vie : chacun de nos croisements vaut épreuve. Mon souffle s’évade dès que
je l’ai dans ma ligne courbe de mire. La présence de ce partenaire imposé
m’hypnotise, me galvanise. Je dois aller au bout, malgré la funeste
pesanteur : air lourd, odeur de plaies, épuisant cagnard, paillettes en
feu…
L’impératif :
tourner toujours pour être face à lui, saisir son rythme, ses écarts, sa danse
improvisée… pour mieux s’enfoncer en lui, jusqu’à la garde ! Esthétisme
bestial, inhumaine rencontre ? Peu importe, la puissance du risque
magnifie le sacrifice : un jour lui, l’autre moi… Sur l’aire de la dense
confrontation, abattre cet ennemi à portée devient ma raison d’être.
Approche-toi que je t’accroche en douleur… Nous nous épuiserons jusqu’à la
corne, jusqu’au bout des ongles, sans jamais renoncer.
Ivre
de mouvements, je peine à lui décocher cette tournée. Je perçois pourtant
quelques notes soufflées qui saluent notre éphémère symbiose, avant le glas
glaçant qui me fera m’effondrer. Mais avant cela baroudons, heurtons-nous sans
rogne et peut-être tutoierons-nous cette grâce salvatrice.
Je
le ressens plus que je ne le vois, je l’effleure pour retarder l’ultime heurt, je
gravite à l’horizontal repos, abîme des sens en tension, muscles et tendons
attisés, esprit exalté, mixtion. Il est temps : face à face, sus à celui
qui perd ses moyens, je fonds sur l’autre pour un dernier mouvement mortifère.
Je n’en vois pas la fin…
A
force de me projeter dans l’arène, tout se mélange : matador et taureau,
sueur en sang, sable pour scènes épiques, oreilles offertes, torero gracié. Je
digère poussivement les trois tonnes de barbaque proposées, mais je ne regrette
pas la découverte de cette lutte tragique. Pour moi, un baptême du feu
spectacle pour de vrais engagements, mais probable passion mort-née…
EPILOGUE : Je lis dans un article de "La
Provence" du 23 avril 2011 que la tauromachie est reconnue comme faisant
officiellement partie du "patrimoine immatériel français". Pas sûr
que cela calme les dénonciateurs de ce qui leur apparaît comme un spectacle
barbare où l'on joue avec la nourriture ! J'y vois moi surtout une hypocrisie :
les mêmes tolèrent l'existence d'un système industriel d'extermination des
bovins pour garantir notre alimentation carnée mais s'insurgent contre la mise
en scène d'une lutte pour la vie, tellement révélatrice de l'histoire guerrière
de notre humanité, si peu humaniste...
Mercredi 5 mai
Décevante tentative de réconciliation avec Alice.
Moins d’une semaine après mon courriel affectif pour repartir sur des bases
sans controverse, la rupture s’annonce définitive. Illusoire acceptation dans
un premier temps : elle va jusqu’à m’identifier comme son
« frère » dans le volet « Famille » de sa page Facebook en
s’appuyant sur le profil « Loïc Decrauze » tiré automatiquement de la
notice Wikipédia, sans que je sois intervenu d’aucune façon dans cette reprise.
Premier hic : elle s’étonne que « je » me déclare
« poète » alors que ce n’est pas à moi de décider… Elle tient
décidément à ce que j’éradique toute parcelle d’activité littéraire et surtout
que s’impose un silence total autour de mes écrits. Je sens la tension poindre
sans tarder et s’accroître lorsque j’annonce mon nouvel article sur Facebook
consacré à la tauromachie.
Le fait que je n’abonde pas dans le
conformisme d’une dénonciation en règle de la « pratique barbare »,
sans pour autant verser dans l’éloge de l’aficionado, lui est insupportable.
Elle lance les hostilités et me reproche une réponse ironique. Le ton ne fera
que monter, à l’écrit, pour exploser en insultes réciproques. Submergée,
dit-elle, de messages de ses proches qui s’inquiètent de savoir qui est ce
« monsieur désagréable » omettant de relever l’initiatrice des
échanges polémiques.
Je doute de sa santé mentale : être
tant obsédé par mon écriture sans talent, sans écho, sans intérêt, en devient
suspect. Comme je lui ai noté, pour achever, j’aurais mieux fait de m’abstenir
de toute tentative. Les protagonistes de cette époque, y compris ceux qui
affichent la plus totale haine à l’égard de Heïm, ne répondent plus à mes choix
de vie. Le chapitre est clos tous azimuts. A moi la douceur lyonnaise, qu’ils
se partagent la Picardie, je leur laisse sans amertume.
Laissons ces trou-du-culesques personnages
pour du considérable, du capital, révélateur d’une impossible unanimité, y
compris dans la seule France. Ben Laden a été liquidé par un commando américain
au Pakistan. Sur la pression des septiques, Obama devrait autoriser la
diffusion d’une photographie du cadavre, ce qui exaltera un peu plus la
résolution vengeresse des affidés. Le terroriste en chef est mort, vive le
terrorisme ! L’engouement pour l’icône flinguée ne se limite pas aux seuls
nervis de l’intégrisme islamiste… Au sein même des démocraties occidentales,
une part non négligeable de la population, d’origine maghrébine pour
l’essentiel, témoigne de son soutien au criminel majeur de cette première
décennie du siècle. Provocation contre la nation française qu’ils exècrent plus
ou moins ouvertement ou réelle filiation idéologique, cela signe un malaise
grandissant le plus souvent minoré par Big Media.
Mercredi 11 mai,
23h
Un bon orage pour espérer l’air plus léger.
Les thèmes d’actualité sont dégorgés par les supports innombrables avant
délaissement du gavé… Rien de réfléchi à cette succession, on pare au plus
porteur pour un impact maximal.
Éclairs et tonnerre pour s’isoler du monde
ambiant.
J’apprivoise avec délice les potentialités
infinies de notre langue écrite alors que d’ex affections en déshérence
s’irritent de ma tonalité.
La flotte espérée par nos paysans tombe avec
fracas sur Lyon. Une saine rincée pour évacuer les minus habens de la critique,
au premier rang desquels l’Alice aux pets qui s’enorgueillissent. Laissons-la
me maudire auprès de ses proches, elle n’a plus que cela pour alimenter sa vide
existence.
Vendredi 13
mai
Lutins,
farfadets & sœurettes
Le
sens du temps, au large des berges, juste pour baguenauder sans avoir de compte
à rendre, de ligne à suivre. L’âge est venu de ne plus espérer quelque
rabibochage factice. Les affections châtelaines des deux décennies
quatre-vingts ont tourné court suite aux tentatives d’un contact rétabli.
Prétextes pour l’embourbement : ma défense du traité constitutionnel
européen pour la première, ma complaisance à l’égard de la tauromachie pour la
seconde. En réalité, une détestation de ma façon d’être en écriture, de
l’emphase à l’amphigouri et, comble de l’ignominie, de l’influence
micberthienne qui imprègnerait encore mes textes. Si leur vieux parâtre tombe
là-dessus, ça devrait le faire rire un peu… Je reste, à ce jour, le seul ex
très proche à avoir diffusé sur le Net un article sans ambigüité sur ma rupture
idéologique avec lui.
Grande
leçon pour moi, le récidiviste : ne jamais tenter de faire renaître des
liens distendus puis disparus. Les résurrections ne valent que pour les fables
religieuses.
« Clap
dernière ! » : ainsi je titrais mon dernier courriel à celle qui
renâclait au débat… Crime de lèse-passé que je puisse défendre le dessein
européen. Du lien fraternel, on s’en fait un monument inaltérable : en
l’espèce une pissée sans envergure.
Pour
l’autre, on innove : condescendance victimaire ! L’odieuse faute qui
fait de moi l’infréquentable, l’inique suffisant, le dérangeur d’une douce
existence : avoir relaté, avec un mauvais tour littéraire et sans la
dénoncer, ma première tauromachie.
Résumons
l’offense : ne pas s’aligner sur le substrat de leur pensée discrédite
tout élan du cœur. Encaisser leurs positions et surtout cesser d’écrire, ah
oui ! Ça, avant tout ! Que je poursuive un Journal commencé en 1991 alors que nous étions en dévotion affichée
pour ce père de cœur ou de sang, quelle suspecte attitude ! Forcené, je
suis, dans l’erreur magistrale de voie… Le degré infâme de l’expression écrite,
sans aucun écho médiatique, jamais publié par un « vrai » éditeur,
une déjection en somme !
Supériorité
que ces obscures doivent admettre : mon autocritique ne sera jamais
dépassée par leurs attaques essoufflées. Qu’elles s’en convainquent
aussi : rien, de mon vivant, ne me détournera de l’écrit, d’aiguiser mes
indignations, de transcender enthousiasmes et perditions par l’entrechoc
sémantique, d’élargir la palette des mots pour tutoyer ce qui rumine en soi.
Insatisfait, toujours, mais sans la facilité du renoncement. J’anime ces lignes
à pleine plume et j’assume les influences diffuses…
Rien
à cacher, tout à dévoiler, au moment que j’estimerai opportun, sur une toile
accueillante pour démultiplier l’écrit bien placé… Prêt pour le témoignage tous
azimuts et sans retenue de style. Abruptes notations sur le vif qui se
dispenseront du tiède, du frileux, de l’engoncé.
Non
loin de moi, sur ces berges du Rhône, trois enfants de six ou sept ans
s’amusent dans l’insouciance aux ingénieux jeux d’eau : rires partagés,
étonnement complice, surenchères pour entretenir la symbiose du trio improvisé…
Quelle illusion !
Lundi 16 mai
DSK :
initiales d’un brillant homme politique français ayant dirigé le FMI. Ses
pulsions sexuelles l’ont définitivement réduit au rang d’un Dangereux Satyre
Knouté.
Vendredi 20
mai
Prouesse
complotiste : dénie, décrie, renie !
Voilà
une semaine que DSK a été interpellé, et des tonnes de commentaires se sont
déchainées contre la version la plus plausible. Irrépressible réflexe du
scepticisme, même lorsque sa propre thèse surpasse en invraisemblances celle
rapportée par la grosse caisse judiciaire américaine.
Pourquoi
la parole d’une femme de chambre sans histoire (en attendant que le rouleau
compresseur de la défense n’en déniche ou n’en confectionne quelques-unes)
vaudrait-elle moins que celle d’un ponte politique ? L’incohérence des complotistes tutoie l’indigence
intellectuelle : les mêmes qui dénoncent les pires travers des dirigeants
du globe sont les premiers à discréditer les affirmations d’une modeste
employée, soutenant ainsi de fait les dénégations de celui qui était considéré
comme l’un des hommes les plus influents de la planète.
N’est-ce
pas de l’indignation à géométrie variable, au gré de ce qu’on veut stigmatiser
comme Grand Ordonnateur de cette sordide affaire ? Cela débouche sur la
négation de ce qu’a vécu cette femme qui a tout autant droit au statut de
supposée victime que DSK à celui de présumé innocent. Imaginons simplement ce
que serait une Justice qui limiterait son intime conviction à ce type de
démarche : ça ne peut être qu’une machination contre l’accusé puisque son
statut l’exposait à cela. On en frémit d’horreur.
A
quel titre un individu, quelles que soient son importance, sa notoriété et ses
responsabilités peut-il être hors de portée d’une dérive criminelle ?
L’affirmer reviendrait à accréditer l’approche différenciée de
l’humanité : ceux qui ne peuvent s’abaisser à abuser d’une obscure
domestique et le reste de la masse. Une partie de cette même masse défend
aujourd’hui le puissant avec quelques arguments-tonneaux qui
tournent de plus en plus vite mais ne font rien avancer.
Que
peut donc avoir à faire une anonyme de New York du destin présidentiel de tel
ou tel Français, de la déstabilisation d’une personnalité par telle officine,
du piège tendu par l’infâme ennemi de l’absous DSK ? Chacun y va de son
petit délire mental, entretenant ainsi sa certitude que le monde transmis par
les médias est un vaste mensonge. L’apparence est forcément trompeuse et le
fantasme s’impose comme la vérité originelle… Ainsi, on peut tout remettre en
cause…
Cette
affaire révèle une opinion publique française majoritairement désabusée, prête
à embrasser le plus fantasque des conteurs si la narration nourrit ses
défiances. Les faits n’ont aucun poids puisqu’ils transitent par la parole d’un
être sans visage, sans épaisseur humaine, une victime dématérialisée en somme,
érigée uniquement pour faire choir le potentiel chef d’Etat.
Pompon
de la campagne complotiste, le Bellâtre Hachement Libre s’approprie, avec une
variante, la formule mitterrandienne du « livrer aux chiens » pour
défendre son ami exhibé comme Dangereux Satyre Knouté. Une affaire d’initiales,
sans doute… Il n’y a pourtant pas mort d’homme, comme l’a obscènement rappelé
Jack Lang, mais peut-être bien agression sexuelle d’une femme, et ce n’est pas
elle que défendent aujourd’hui ces parangons de la vertu. « Je ne sais
pas… » rabâche BHL pour lancer son billet, mais il suppute beaucoup,
infiniment trop. A l’infect mépris qu’il affiche à l’égard des déclarations de
l’accusatrice s’ajoute son silence suspect sur les flots complotistes qu’il
avait tant fustigés pour les attentats du Onze Septembre. Comme un révélateur
de sa chapelle : la philosophie de vie opportuniste. L’amitié n’excuse pas
tout. Quelle virulence déploiera-t-il lorsque la défense traînera dans la boue
la plaignante ?
A
son crédit, BHL, lui, assume ses écrits, au contraire de la flopée malfaisante
d’internautes qui s’abritent derrière l’anonymat pour l’hallali sexiste. De
pseudos êtres aux vraies traces de purin. On pourra toujours attendre leur
contrition si le jugement condamne l’accusé. Au contraire, ils en rajouteront
une crasse couche sur une justice américaine à la solde de ceux qui ont fomenté
cet attentat sexuel contre le virginal Strauss-Kahn.
Jeudi 2 juin
La Gaule
lévite !
Gâtée
la France, la voilà dotée d’un attelage de panseurs des plus équilibrés. A
gauche, l’indomptable Lévy. A défaut de nous refaire le coup du nouveau
philosophe, il lance un nouvel humanisme : la défense de l’Homme à tout
prix… y compris contre la femme. A droite, Ferry le sauvage tente, le cul entre
deux baises, de s’ériger chantre de la poisseuse rumeur. Son arrière-grand-oncle
flanquait les enfants à l’école laïque, lui fait mine de les retirer des
griffes d’un partouzard haut placé.
Quelques
gorgeons libérateurs et la panse se vide sur le zinc médiatique. Ça tache un
max, ça indigne l’auditoire imbibé, chacun se repaît de la part sordide de
l’autre sans assumer ses propres travers. L’époque se vautre au point de mettre
sur le même plan la poursuite réelle pour agression sexuelle et le renvoi
gastrique d’un ex ministre de l’éducation qui en torche un autre. Éruptives
éructations qui décrédibilisent la source au courroux différé de plusieurs
années. « Pavé dans la mare » gronde-t-il le fondement dans la
vase : il pousse fort et loin la polémique pour faire croire à
l’ébullition du cloaque.
Glaire
et pet, fresque organique des deux grandes familles politiques qui s’envoient
l’une un Tron, l’autre un Lang sans appréhender la conséquence ultime : la
vague extrémiste pour faire la peau à la Gueuse. Ainsi le cirque plein d’air
malodorant masque les sujets rébarbatifs : la réalité budgétaire pour tout
programme porté au pouvoir élyséen et l’influence allégée d’une nation dépendante
des emprunts qu’elle peut encore contracter.
Sans
le sou, restent les dessous peu reluisants d’une élite que les pannés
voudraient piler. Peut-être devrions-nous éviter l’absorption monolithique de
l’actualité, tels des monomanes en furie qui ne retiennent que le plus gros des
titres, négligeant les pages intérieures tout autant visibles et lisibles pour
qui s’en donne la peine. Un simplisme du regard par trop de complexité globale.
Reflet
verdâtre sur l’écran en veille de mon ordinateur portable : plante
intérieure au calme, au-dehors feuillage agité par les courants venteux. A cran
ce monde aux flux et reflux d’informations, aux existences anonymes qui se
voudraient exposées et qu’un surplus de lumière carbonise, aux trajectoires
sous les feux de la rampe qu’un faux pas, un vrai crime, enterre en basse-fosse.
Un
souffle, quelques effleurements, une tendre intention et le goût de l’autre
revient : regard pour se catapulter loin des laideurs ambiantes, joliesse
de chaque instant pour s’exalter en complicité, un rien de brune présence, un
tout de circonstances à cultiver, lien précieux sans se hâter, sans se happer…
une leçon de dualité improvisée.
Samedi 4 juin
Mon
texte La Gaule lévite ! proposé
le 2 juin n’a toujours pas fait l’objet d’une décision : acceptation ou
refus de publication sur le site du journal Le
Monde… Dans cette attente, je ne peux le faire paraître sur mon blog LDLP à
moins de souhaiter une fin de non recevoir du quotidien.
Serait-ce
mes dernières sévères remarques sur leurs fautives corrections concernant ma
dernière chronique parue chez eux, A
notre guerrière danse ! qui me vaut cette lenteur
d’appréciation ? Je frise la parano là…
Mercredi 22 juin
Plus
grand-chose sur ces pages, hormis les articles pour parader sur le Net. De
moins en moins de perso.
La
plume à dispo me lâche, me voilà contraint au Bic insipide.
Quoi
noter qui reste dans l’analytique et l’apparence ?
Luc
Ferry s’est trompé de zone : c’est le Tron et non le Lang qui s’est fait
« poisser » pour crime sexuel. L’étau se précise.
Pour
le reste, plus de contact avec les illusoires amitiés, les relations établies,
plus rien, pas de goût pour relancer des gens qui n’ont en fait rien à foutre
de ma fréquentation. Je me contente très bien des complicités successives, les
unes chassant les autres lorsque l’intérêt s’est dégonflé. Aucun penchant à
cultiver le relationnel… J’ai évacué sans peine aucune ce qui ne tenait à rien,
c’est-à-dire la totalité hors famille.
Les
années filent suffisamment vite pour entrevoir les fins de chacun… Je me
dispense de chagrins par ce détachement préventif.
Jeudi 23 juin
Parabole
désorientée
Des crocs dans l'ombre guettent la faille
pour déchirer les tissus. A perte de vue plus rien ne rime : magma
"plasmique" à nourrir coûte que coûte. Reste quoi ? Une farandole aux
arabesques sordides qui monopolise l'attention sur l'apparence d'un monde en
chaos.
Ça se mâche sans fin tant qu'on n'est
pas trituré dans sa chair. Ce déchaînement règle le compte des plus fragiles,
les déconnectant pour toujours : piètre perte, très profitable aux arrangeurs
du buzz.
"Rien à buzzer aujourd'hui ?" s'angoisse le
maniaque sur toile, la souris entre les cannes... Pourquoi taire ce qui
pourrait suffire à salir son prochain ? Plus qu'à aller faire titriser ses déjections en les confiant
aux menottes expertes des charognards de la finance.
Univers
d'Internet en constante dilatation, un peu comme si nous tentions, pauvres
hères, d'approcher en virtuel le Tout infini qui nous dépasse et face
auquel nos élans se ratatinent.
A moi le cocon vert déserté de la Tête d’Or pour ragaillardir mon souffle :
rondeurs feuillues, allées de pierres joliment serpentantes, massifs
fleuris et un banc vert pour le fondement. Surplus à évacuer sans
circonvolutions : attendu qu'ils m'incommodent... par ce motif, qu'ils
dégagent !
Dans l'attente du trou à cadavre, je me
refais volontiers une charretée de samedis soirs sans fréquentation, avec
le seul Lieutenant Colombo, urticant pour ses congénères, efficace révélateur
de leurs vices criminels.
Après
la surdose en série, j'explore quelques zones dévastées ouvertes aux quatre
bourrasques. La petite vieille explose du talon de secs quignons de pain pour
nourrir piafs et canards des bords du Rhône juste devant la péniche "Nid
d'Amour". J'égrène les remugles d'un encombrant passé, hypothéquant encore
une pure respiration lyonnaise. Naviguer entre attaque et défense pour la plus
favorable sentence.
Dimanche 3 juillet
Sur le principal
Attendu que par courrier du 8
janvier 2010, la société Créanrec me réclame le paiement d’une somme de 4928
euros qui aurait pour fondement (ce que ses représentants ne m’ont indiqué que
par téléphone) un prêt contracté en 1993 – aucune date précise n’est évoquée.
Attendu que par courrier
envoyé en recommandé avec accusé de réception le 15 janvier 2010, j’ai indiqué
à cette société n’avoir aucune trace de ce prétendu prêt et qu’aucune
signification d’une injonction ne m’avait été faite de cette prétendue créance
réclamée.
Attendu qu’il n’y a jamais eu
depuis de réponse circonstanciée à mon courrier ni de preuve fournie de ce
prétendu prêt.
Attendu, en outre, que les
courriers de Créanrec, en 2010, évoquaient une somme de 4928 euros et qu’un an
plus tard l’étude d’huissier Mascotte, chargée par la SAS Créanrec, m’annonce
une somme totale de 7739,95 euros en détaillant le principal et les intérêts
d’où on ne peut comprendre la provenance du chiffre de 4928 euros réclamé un an
avant. Ceci révèle pour le moins une intention de tromper l’interlocuteur.
Attendu qu’en 1993 j’étais
étudiant et jeune gérant de sociétés qui connaissaient d’importantes
difficultés financières lesquelles occasionneront une mise en liquidation entre
septembre 1994 et octobre 1995. Il apparaît donc possible que ce prêt ait été
contracté comme gérant salarié pour le compte d’une des sociétés aujourd’hui
liquidée.
Attendu que cette prétendue
créance aurait été cédée par l’enseigne Céduflan par voie de titrisation au
fonds commun Créanvest sans qu’aucune signification de cette cession ne m’ait
été faite, dérogeant ainsi à l’article 1690 du code civil. L’obligation de
signification au débiteur désigné répond à un impératif de protection de ce
dernier que l’article L214-43 alinéa 8 du code monétaire et financier ne peut
remettre en cause pour un débiteur n’ayant aucun statut de commerçant et
n’exerçant pas dans la finance. A défaut, cela engendrerait une véritable
rupture d’égalité devant la loi pour les débiteurs dont le statut protecteur ou
pas dépendrait de la qualité du bénéficiaire de la créance, ce qui contrevient
à l’article 1er de la déclaration des droits de l’homme.
Sur les intérêts :
Attendu qu’il est réclamé
4210,71 euros d’intérêts calculés du 11 janvier 1996 au 11 mai 2011.
Attendu que les intérêts sont
soumis à la prescription quinquennale de
l’article 2277 du code civil et qu’il convient donc de rejeter d’office
les demandes visant des intérêts antérieurs à 2006.
Attendu que le calcul
d’intérêts sur une créance prétendue vise à pallier le fait d’un débiteur
incapable de rembourser ou que l’on ne parvient pas à contacter. Or, au regard
des documents fournis par la partie défenderesse, de janvier 1996 à janvier
2010 les différentes sociétés détentrices de cette prétendue créance ne se sont
jamais manifestées. Quatorze ans de silence intégral.
Attendu que mon activité
littéraire depuis 1990, tant par des textes publiés de façon traditionnelle que
sur Minitel puis sur Internet ont maintenu une visibilité de mon identité et
une facilité à me contacter (n’ayant jamais quitté le territoire français et
payant normalement mes impôts en France) comme le prouve l’ensemble des
documents fournis en annexe. Un simple courriel aurait pu m’informer depuis
bien longtemps de l’existence de cette prétendue dette au cours de cette longue
période.
Attendu que le Fonds commun de
titrisation Créanvest, bénéficiaire de cette cession de créance en 2005, a
manifestement attendu cinq années non parce qu’il ne parvenait pas à me
retrouver mais pour répondre à ses impératifs spéculatifs. En cela, cette
société a détourné de son esprit la raison d’être des intérêts de retard pour
en faire une source de rendement financier.
Par ces motifs, je demande le
rejet des réclamations du Fonds commun de titrisation Créanvest tant en
principal qu’en intérêts et sa condamnation aux dépens.
Mardi 5
juillet
Des
bandits pas manchots pour un sou
Il
était une fois une ‘tite Créancia à qui l’on avait prédit une longue et juteuse
existence. Et le fait fut.
Elle
était née, au détour d’une année de crise économique à la fin du XXème
siècle, de la volonté de Big Bisounours, le Vorace tout de vert vêtu. Il lui
avait déniché un débiteur au cuir tendre, bleu en affaires, englué dans ses
sociétés en perdition, réfugié dans un sordide Purgatoire parisien et surtout à
la moelle sonnante… Ne restait plus qu’à le faire trébucher pour assurer les
beaux jours de sa protégée.
Pour
cela, une arme magique : le droit hexagonal. A la première défaillance de
la proie, se précipiter chez le Juge pour obtenir une belle ordonnance
d’injonction de payer, qui fait fi de tout débat contradictoire, la faire
signifier par un agent assermenté qui s’arrangera pour que le débiteur
nourricier ne l’ait jamais en main. Trois mois plus tard, aller faire apposer
le sésame exécutoire et hop ! le tour est joué !
Va
ma ‘tite Créancia t’étoffer sans bruit faire… tu as tout le temps pour
toi : trente ans pour te gaver. Miam ! miam ! Te voilà à la tête
du plus long délai prescriptif, hors l’inatteignable crime contre l’humanité.
Regarde tes pénaux cousins, les vilains meurtre, viol, trafic de drogue,
braquage, enlèvement… Eux, en dix ans, c’est fini : à la trappe ! Va
comprendre ce qui motivait notre Justice jusqu’à une réforme récente, mais pas
rétroactive… C’est bon pour toi ma joufflue Créancia.
Merveilleuse
contrée juridique. Big Bisounours vert n’a plus qu’à attendre le moment adéquat
pour exiger l’exécution ou, mieux encore, faire adopter la Créancia par un
compère encore plus glouton. Pour ce faire, une trouvaille outre
atlantique : la cession de créance par titrisation. L’infection du système
financier mondial par les subprimes
révélée en 2007 et qui a failli tous nous engloutir, ça vous rappelle quelque
chose ? Et bien dans notre vieille France aussi ça se pratique sans
vergogne.
Pour
faciliter la culbute spéculative des adoptants en masse de Créancias, le
Législateur s’est torché avec l’article 1690 du Code civil et, plus fort
encore, avec l’article premier de notre Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen, tout débiteur puisse-t-il être. C’est pour tes bourrelets d’intérêts
mon engraissée Créancia ! L’article L214-43 alinéa 8 du Code monétaire et
financier dispense du devoir d’informer le débiteur, source du profit, de la
venue d’un nouveau tuteur pour l’empesée Créancia… Du quasi biblique :
selon qui sera l’adoptant tu auras droit ou pas à ton statut protecteur. Ne
serait-ce pas de la magistrale rupture d’égalité des citoyens devant la loi
ça ? Seul coup d’arrêt possible : soulever une Question prioritaire
de constitutionnalité pour mettre un terme à cette impunité financière.
Attendre
encore, pour avoir une Créancia à monstrueuse maturité avec plus de 100% de
prise de poids monétaire : voilà la finalité. Et puis, d’un coup, après
quatorze ans de silence, multiplier appels et courriers pour obtenir un
versement, un seul, et le piège s’accomplira : principal et intérêts de la
dette indistincts à récupérer par tous les moyens ; le faire dégorger ce
débiteur pour que notre Créancia s’accomplisse. Et si les relances n’harnachent
pas le bougre, il faut retourner à la case Signification de l’ordonnance
exécutoire augmentée de toutes ces années d’intérêts rondement calculés. Voilà
comment faire une manne inépuisable de rendement financier de ce qui, dans
l’esprit de la loi – mais en a-t-elle encore vraiment avec un tel géniteur
lobotomisant ? – doit servir à pallier les difficultés provisoires du
débiteur ou l’incapacité à le retrouver.
Pour
la grosse Créancia ne compte que l’engrangement maximal avant la succion
finale, celle qui lui fera défoncer le plancher du contrat social et de ses
principes élémentaires.
Mise
et gagne : impasse humaine mais boulevard financier ! « Les hommes d’action manquent
ordinairement de l’activité supérieure : je veux dire l’individuelle. (…)
On ne peut, par exemple, demander au banquier qui amasse de l’argent le but de
son incessante activité ; elle est irraisonnée. Les gens d’action roulent
comme roule la pierre, suivant la loi brute mécanique » ( Nietzsche, Humain, trop humain, n°283)
Dimanche 10 juillet
Depuis
mercredi, premier séjour au soleil de Bretagne. Le climat du coin libère du
temps pour le Net, la lecture et le farniente à l’ombre.
Projet
d’un hommage à Brassens pour les trente ans de sa disparition (en septembre je
crois). Inspiration en vrac à relier aux titres de ses poésies-chansons.
Il
m’accompagne depuis qu’a émergé ma défiance du gros de l’humanité. Un collège
de banlieue parisienne dans les années 80 ; incompréhension des poussées
d’agressivité, des cris primaires pour exister, du manège hideux de mes
non-camarades de cours. Réflexe vital : rester auprès de mon arbre, celui que je m’appropriais pour ce quart
d’heure d’observation désabusée.
Très
loin de la chaleureuse disposition d’esprit qui édicte les copains d’abord comme tuteur de vie et pas encore assez arrimé
pour oser m’envisager avec les amoureux
des bancs publics.
Lundi 18 juillet
Les remugles du passé s’acharnent. En
consultant mes comptes le soir de notre arrivée chez Béatrice et Fabrice à
Peyrat dans l’Ariège, coup de massue : une saisie-attribution pour plus de
mille huit cents euros opérée par l’étude d’huissiers PTB le 5 juillet alors
que j’avais fait opposition la veille à l’acte signifié le 4. Un véritable
passage en force lorsqu’ils ont su que j’avais l’intention de contester la
somme réclamée.
Réaction épistolaire : courrier
recommandé exigeant la mainlevée de la saisie abusive faute de quoi je mettrai
en cause leur responsabilité personnelle devant le JEX. La bataille judiciaire
est donc engagée.
A cette occasion, reprise de contact
chaleureuse avec Sonia, amie de l’époque sorbonnarde toujours avocate dans un
cabinet parisien.
Ce désagréable événement personnel me
replonge, à échelle très réduite, à l’époque des années purgatoire
(93-95) où je courrais les tribunaux, gérais à l’urgence les ruines fumantes du
grotesque empire heïmien qu’il avait trouvé bon de me refiler pour que je subisse
en première ligne les affres de l’écroulement.
Très agréable séjour chez ma tante, heureuse
de nous recevoir pour nous faire découvrir son joli coin de retraite. Nous nous
sommes promis de revenir pour visiter avec elle Foix et son préservé château
cathare.
Arrivée chez maman le 15 juillet au soir
pour une grosse semaine de détente estivale avec un soleil dominant, ce qui a
un peu manqué pour nos deux premiers points de chute.
L’adorable Nalya gambade et découvre le
monde avec une curiosité enthousiaste. La mienne persiste, mais sans illusion
et ce depuis le fond de mon âge.
Hier, promenade à cinq sur le chemin de
Caux, près de la maison, les deux couples et la ‘tite Nalya. Un moment de
grande complicité et d’échanges sans fard. Ce tracé que grand-mère empruntait
si souvent avec nous et que nous perpétuons avec Nalya de 18 mois, voilà un
vrai lieu d’ancrage comme aucun autre pour nous. Cette montagne à la forme de
téton ou de verrue, selon la perception des frérots, ce calvaire aux cyprès
démesurés, cette couleur de paysage dans un calme attisant les souvenirs… un
concentré de ressentis.
Lundi 8 août,
22h32
A
moins d’un sursaut de l’Union européenne qui, enfin ! se renforce par un
volet politique fédérateur, l’Occident va passer la main et notre niveau moyen
de vie s’en trouvera affecté. La dégradation de la note de confiance de la
dette publique américaine sonne le glas de presque un siècle de suprématie. Les
prétendants à la succession n’auront pas autant d’égard pour la vieille Europe
et nos modèles sociaux voleront en éclat sans régime drastique sur les finances
publiques… et le petit refrain contre les possédants ne pourra longtemps faire
illusion : c’est la viabilité même de notre système qui est en jeu. La génération
du Baby boom aura bénéficié de décennies de budgets en déficit, pour s’en tenir
à la France, mais on ne peut plus fonctionner ainsi.
Jeudi 11 août
Taper
sur les agences de notation on le peut, je l’ai fait très tôt et sans
retenue : ça soulage, je l’avoue ! Pour autant, il faut reconnaître à
S&P un aplomb rare face à ce qu’il reste de la première puissance
économique mondiale. Ceux qui hurlaient à leur soumission au libéralisme
anglo-saxon peuvent s’asseoir sur leur simplisme indigné. Toutefois, deux des trois
agences continuent d’attribuer l’excellence aux USA… Dégrader ou simplement
constater la dégradation de la situation financière de la plupart des pays
occidentaux ?
Sans
croissance économique nette, nous devrons, de gré ou de force, rogner sur notre
niveau de vie pour ceux qui n’auront pas les moyens ou l’envie d’aller renifler
de l’eldorado asiatique ou sud-américain.
Les
politiques des petites souverainetés européennes s’agitent pour donner le
change, mais en réalité rien ne pourra combattre l’hyper endettement de
certains pays membres, dont la France, sans un élan fédératif. Comme souvent,
pour cette vieille Europe, il faut être au bord du gouffre pour que le dilemme
se précise : y plonger ou tenter son survol. Depuis 2005 et le rejet de la
Constitution, l’UE est souffreteuse, sans élan, sans saveur, sans turgidité… on
rumine sur le mode technocratique par la faute du Non hétéroclite. On est resté
de fait avec une Europe purement économique, ingérable politiquement à
vingt-sept sans institutions adaptées et puissance de la tête de l’UE. Gâchis
qu’on ressentira plus cruellement si finalement la zone euro éclate… Plutôt que
l’austérité nécessaire pour assainir les finances publiques, on récoltera le
recroquevillement national. Voie fatale pour ce que l’UE voulait
préserver : une zone de paix et de prospérité.
Les
mêmes qui se sont réjouis de l’enterrement de la Constitution chargeront la
barque de la feue UE pour expliquer l’effroyable retour des tensions
géopolitiques… Espérons que les peuples actuels auront un peu plus de
conscience de leur intérêt supérieur que leurs aînés du Vingtième siècle…
Pourquoi
l’Allemagne, si vertueuse dans ses équilibres budgétaires, se porterait
garante, à travers les instances européennes, des dettes publiques de certains
laxistes pays camarades du Sud si ces derniers ne montrent pas un engagement
sans concession pour combattre leur déficit ?
Cas
français : ces centaines de milliards de dettes accumulées n’ont pas servi
à enrichir les politiques haut placés, mais à payer des fonctionnaires,
principalement. Et il faudrait nier que nous avons vécu au-dessus de nos
moyens ?
Samedi 13 août
Hier,
enterrement du papa d’Élo. Elle m’avait envoyé un texto mercredi vers deux
heures du matin pour m’apprendre la triste nouvelle. Sujet à une récente
fragilité cardiaque, un malaise l’a emporté quelques jours seulement après son
soixante-dixième anniversaire. Cérémonie religieuse à l’église de Saint-Cyr
(rejointe depuis Lyon à vélo) puis incinération au crematorium du cimetière de la
Guillotière. Émotion sans pareille lorsque, prévenue par sa sœur Julie qu’Élo
est encore sur le perron de l’église et qu’« elle ne va vraiment pas
bien », je rejoins l’entrée et que mon regard accroche, au milieu de gens,
celui d’une belle grande femme brune à l’air éperdu : je mets deux
secondes à reconnaître Élo déchirée qui vient vers moi pour tomber dans mes
bras en pleurs sur les marches de l’église. Je la prends par la main et nous
entrons, puis je la laisse rejoindre le premier rang avec son compagnon Julio.
Vision à jamais fixée par le dense ressenti d’une Élo éplorée.
Les
États d’Occident ont perdu toute souveraineté budgétaire à force d’entretenir à
pertes vertigineuses des systèmes protecteurs avancés. L’UE aurait eu
l’occasion d’enrayer la dégringolade par une intégration politique qui ne se
fera pas de sitôt sauf conscience suprême des gouvernants et/ou des peuples
face au chaos menaçant.
Samedi 27 août
Auprès
de son arbre, il fait bon se recueillir. Trente ans d’absence et un monde qui
l’indignerait tout autant. Aux vers de Brassens, divinité poético-musicale, les
fracas du monde se transcendent pour ne laisser émerger que l’éclat de la prise
à bras le verbe des rogatons. Encore quelques couplets pour décimer la
foultitude d’incongruités.
Dimanche 14
août
La
route monte, pente douce bordée d’épineux, comme un cortège qui aurait été
témoin de l’innommable
Camp,
crèveras-tu ?
Je me satisferais bien de
quelque bouc émissaire. Petit tour humiliant sur la sellette avant l’appel à
neutralisation physique. Facile à faire croître, à entretenir chez des peuples
aux espoirs en fonte vertigineuse. Foutre son poing dans la tronche de ces
banquiers joueurs de casino-bourse ; dynamiter les agences de notation,
délétère dopant du panurgisme financier ; écharper les spéculateurs sans
foi et aux lois d’exception… Faciles responsables de notre bord du gouffre.
Des décennies de complaisance
démocratique ont laissé filer les déficits : la fin des Trente
Dispendieuses passe par la mise forcée de notre système redistributif à l’aune
de nos moyens réels. La douloureuse affaire est collective et ne peut se
résumer à la mise au ban de la société d’une fraction d’elle.
Sujet collectif et européen.
Depuis 2005, l’Union a perdu son souffle. Une minorité du peuple européen a
décidé qu’il n’y aurait pas l’amorce du pas politique proposé, pour des raisons
aussi variées qu’incompatibles, et depuis plus rien, stagnation technocratique.
A l’heure grave d’un possible
effondrement du système économico-financier, plus le temps de complexifier les
positions : soit chaque pays reprend sa souveraineté pleine et entière,
monnaie comprise, pour vivre son nationalisme social avec les moyens que lui
laisseront ses finances publiques, soit nous programmons le fédéralisme comme
inéluctable voie de salut couplée à une austérité solidaire des peuples.
A chacun son camp. On peut
croire, comme la Le Pen qui nous bassine, aux vertus miraculeuses d’une sortie
de l’Euro. Je voudrais voir la tronche de ses partisans cinq ans plus tard
lorsqu’ils iront, pour ceux en ayant encore les moyens, payer leur pain avec
une brouette de Francs tellement indépendants qu’ils en auront réussi à
s’affranchir de toute valeur pécuniaire viable. En route pour le nouveau
nouveau Franc ultra light, idéal pour
faire maigrir son peuple…
Se souvenir que l’Euro
n’avait de sens qu’avec une gouvernance politique forte. Successeur logique
d’une Communauté européenne du Charbon et de l’Acier qui a vacciné contre une
nouvelle guerre le Continent en cicatrisation. Réussite totale avec même le
luxe d’intégrer les ex pays de l’Est avant d’avoir changé les
institutions : erreur historique que nous payons depuis et qui risque de
mettre en péril ce grand œuvre de civilisation faute de rappel préservant du délitement.
Tout cela se culbute dans mon
crâne et je grimpe vers le Konzentrationslager
Natzweiler-Struthof. A gauche, la « lanterne des morts » :
arrêt ému devant ce sanctuaire où la terre et le gazon recouvrent les cendres
des victimes de cette solution érigée comme finale – « Endlösung, sa beauté ruisselante »
dit Les Bienveillantes. Vies
sacrifiées pour satisfaire le concept, pour servir l’idéologie… Faire mourir
pour ses idées, l’idée est effrayante, mais inhérente aux assoiffés de pouvoir.
Je passe la monumentale
entrée de bois et de barbelés qui m’écrase de son passé. Là, l’espace m’accroche
à la gorge : dans ce large cocon vert en pente, des baraquements lugubres.
Il faut descendre en longeant le « ravin de la mort ». Scruter
l’endroit verdoyant, scruter davantage pour y ressentir les corps qui
s’effondrent sous les rafales. Ne rien négliger pour ne pas se faire surprendre
par le pire alors inarrêtables…
Au
bas, deux blocks. A droite, celui où l’on expérimente, où l’on torture, où l’on
crame ! Rester un peu, la nausée montant à soixante-dix ans de distance. A
gauche, un peu en retrait, le block cellulaire pour détenus réfractaires. On
entasse dans des cellules ou, pour les plus subversifs, on laisse crever dans
des geôlettes individuelles.
Sophistication de l’atroce : un volume et une surface ne permettant ni la
station debout ni la position assise. L’entre-deux insupportable pour faire
expier le responsable désigné, la vermine source de nos maux…
Au
soleil déclinant, j’ai laissé cette concentration de l’abomination incarnée
pour choisir mon camp : loin du doctrinaire simpliste aux remèdes
affriolants.
Samedi 3
Septembre
Au
gueuleton de Brassens
Auprès
de son arbre, je voudrais rester pour mieux digérer le monde qui se lézarde. Au
bois de son cœur, nos vagabondes pensées s’aiguiseront contre les pitres
tirailleurs. En tous sens, au tréfonds désabusé, ils s’ingénient à faire mourir
les autres pour leurs ineptes idées. A cette valetaille de jusqu’aux boutistes,
aux fossoyeurs d’une douce rentrée, je souhaite une cohorte de gorilles obsédés.
Le
temps ne fait décidément rien à l’affaire : la technique galopant vers le
confort ultime, l’humanité s’étourdissant dans un ballet moutonnier à la sauce
Panurge. Une lueur, tout de même : si quelques Rois ont toujours des cons
pour leur servir la soupe, des peuples ardents dégagent ces tartuffes qui
monopolisent le pouvoir ; un long, un petit, un frisotté, un empâté… Une
maturité populaire dont nous, qui sommes nés quelque part en France, devrions
nous inspirer pour empêcher la Marine de jeter ses amarres sur nos terres.
Alors
oui, divin Brassens, je trinque à ta mauvaise réputation persistante, toi qui
as laissé croître tant de vers dressés comme autant de mauvaises herbes
urticantes. Voyou poète à la trompette débouchée, vous arrachiez les guêtres
suspectes des faussaires emplumés. En vous, vraiment, il n’y a rien à jeter :
d’abord et surtout mécréant pornographe à perpétuer comme une précieuse
résistance à l’ère du tant religieux. Pudibonds et censeurs de tout voile
garnissez-vous ! car le Moyenâgeux a des disciples qui vous foutront
jusqu’à la garde pour dégorger vos préceptes.
Multiplier
les rendez-vous musicaux avec vous pour ne pas flancher face aux croquants de
la finance, aux experts en concurrence déloyale, aux casseurs de vie qui se
gargarisent tant et plus. Vivifiez notre esprit, Monsieur Brassens, et nos
poings dans leur moche tronche en seront plus lourds, avec tout l’irrespect
qu’on leur doit.
Non,
je n’attendrais pas le Vingt-Deux Septembre, et encore moins le Vingt-Neuf
Octobre pour passer le pont avec celui qui a mal tourné et fondre sur les
papillons en fête à l’ombre du cœur de ma mie. Laissons derrière nous les
sanglants vergers des rois boiteux, improvisons, comme au temps jadis, une
ballade en chaleureuse compagnie. Retrouvons-nous sous le grand chêne, avant
que les opportunistes ne se pressent, étreignons-nous affectivement, avant que
les charognards ne le dépècent.
Toi
d’abord, Jeanne ma bonté, pas très loin de ton compagnon au cœur chaud,
l’Auvergnat qui me sourit, qui me comprend. Jeanne, femme d’Hector peut-être,
trésor de femme sans nul doute, tu entraînes dans ton sillage ceux dont la
société ne veut plus sous ses cieux imbus de performances, de résultats et de
culbutes… financières : la brave Margot et le pauvre Martin, le petit
joueur de flûteau et ce vieux Léon en proie au siècle d’airain. Sur ta lancée,
garde aussi le doux Bonhomme et son impeccable Pénélope, celle qui eut voulu,
par une subversive distraction, être surnommée « Petit Verglas » pour
enivrer quelque poète éperdu. Passons le ruisseau, là où trempèrent les vénérés
orteils d’Hélène, à sucer sans retenue, où se reflétèrent les silhouettes de
Marinette et de troublantes passantes croisées entre loup et chien par une
fraîche fin d’été, comme une promesse d’humanité, la vraie pas la soldée du XXIème
siècle. Tapis de mousse sous toit feuillu : couche idéale pour convier la
bandante Fernande, Mélanie l’inassouvie et ses trente cierges, comme une
paillarde supplique pour que tu nous reviennes.
Je
loue vos belles figures féminines, mais je néglige vos pics misogynes. Maux
infinitésimaux lorsqu’on les compare à ceux des mâles copains : eux
d’abord, quatre-vingt-quinze fois sur cent, les promoteurs d’hécatombes, les
faiseurs de 14-18, les exécuteurs de malheureuses Tondues… Cupidon s’en fout,
certes, mais la Camarde a tout du travesti aux gonades explosives.
Restons
encore sur ce banc, au vent fripon, mirer les mirages aquatiques de la si
claire fontaine. Une rose à humer, une bouteille à partager et nos mains à
serrer sans arrière pensée. Par un soir d’orage, le petit cheval fut foudroyé.
Mercredi 7 Septembre
Mon
hommage à Brassens semble avoir été très apprécié. Une première : 100% des
votants à mon texte sur le site AgoraVox ont choisi le « oui », un
score presque suspect… Là où je me suis tant accroché sur des sujets polémiques
comme le traité constitutionnel…
L’Union
européenne, justement, se rapproche du gouffre financier, la Grèce comme
premier de cordée de la chute, à moins que le pays soit sorti de la zone euro
avant… Le coût pour les banques françaises serait alors terrible… de quoi
alimenter à nouveau la hantise d’une défaillance bancaire.
Les
experts économico-financiers qui défilent la mine sombre chez Calvi ne
rechignent plus à envisager, voire à indiquer comme inéluctable, la faillite de la Grèce et sa mise au ban
de l’euro. Avec la caution de quinze milliards d’euros votée aujourd’hui par
l’Assemblée nationale pour de nouveau tenter de sauver la Grèce, notre dette
publique vient de dépasser les mille sept cents milliards… situation
inextricable pour nous aussi alors que certains députés refusent de voter des
remises en cause de niches fiscales pour quelques milliards. Tartufferie
parlementaire, inconscience de ces élus, le destin budgétaire de la France ne
dépend déjà plus de ses votes. L’annonce d’une dégradation de la note française
courant 2012 correspondrait au scénario catastrophe qui faisait le thème d’un
téléfilm diffusé il y a deux ou trois ans.
Pendant
ce temps, la Chine prospère et un Chinois vient de s’offrir un morceau
conséquent du territoire islandais pour y implanter un parc de loisirs grand
luxe…
Jeudi 8 Septembre
Des
économistes pessimistes comme jamais chez Calvi, dans l’émission de mercredi.
Plus de doute du pire : banques françaises tellement menacées qu’elles
devront être nationalisées, fin du triple A français, éclatement de la zone
euro… Peut-être qu’un attentat majeur sur le territoire pourrait contrebalancer
l’horreur économico-financière qui s’annonce.
A
quelques jours des dix ans du Onze Septembre, les complotistes prospèrent sur
la toile. L’exemple d’un article sur
AgoraVox qui répertorie tous les extraits vidéo remettant plus ou moins en
cause la version retenue par le bon sens et les faits.
Dans
le désordre : pas d’avion dans le Pentagone, un avion militaire chargé
d’un missile dans l’une des tours, l’écroulement de ces bâtiments permis par le
dynamitage interne, œuvre de l’État américain ou du Mossad, etc.
A
l’appui de ces thèses, plus délirantes les unes que les autres, l’apparat du sérieux
scientifique, caution de prétendus experts, moult documents présentés comme
accablants… Exactement la stratégie éditoriale des révisionnistes de
l’holocauste. Leurs annales, publiées dans les années quatre-vingts, cumulaient
des centaines de pages rébarbatives, apparemment pas un brin idéologique, pour
promouvoir la négation de la Shoah.
La
même veine écœurante et sure de son droit argumenté. Baveux charlatanisme
mémoriel.
Dimanche 11
Septembre
11.09.2001 :
dis-en plus ! Dis, mens encore !
En cette journée des dix ans
du Onze, je persiste dans la position minoritaire et m’obstine dans la version
du bon sens et de la logique. Le Science
& Vie du mois devrait être lu par les 54 % d’humains qui sont
convaincus que les attaques n’ont pas été menées par Al Qaida (sondage
international de 2008). La théorie du complot se nourrit d’arguments-tonneaux donnant l’impression d’avancer vers la réalité
qu’on nous cacherait.
Le Faurisson de cette tragédie, Thierry Meyssan, initie le mouvement
en mars 2002. Depuis, la toile colporte toutes sortes de démonstrations pseudo
scientifiques exactement comme le faisaient les Annales d’histoire révisionniste sur la Solution finale.
Sereinement, le magazine de référence les démonte une à une.
- L’effondrement des tours sur elles-mêmes, révélateur
de l’installation préalable d’explosifs. L’énergie cinétique de structures fragilisées par l’impact monumental
suivi de gigantesques incendies suffit à expliquer ce phénomène d’ailleurs
imparfait comme le montrent les images. La partie supérieure de la tour 2
s’écroule sur le côté et la tour 1 laisse s’échapper en gerbes de gros
morceaux.
-
La présence d’explosions révélatrices d’une volonté
que ces tours ne restent pas debout.
Depuis quand des incendies d’une telle ampleur, dans un milieu bourré de
multiples composés chimiques, se déroulent-ils dans un silence religieux ?
Plus de 30 000 litres de kérosène coulant dans chaque tour ne
provoqueraient aucune déflagration ? Le constater serait suspect, tout
pompier le confirmerait.
-
La multiplication de squibs lors des effondrements, révélateur à nouveau de la présence
d’explosifs. Là, on est vraiment dans
l’amateurisme argumentatif. N’importe quel écroulement crée une surpression
avec ce qui se trouve en dessous, l’air présent devant bien se déplacer quelque
part. L’explosion de vitres avec l’expulsion de matières s’impose sans qu’il
soit besoin de délirer sur l’origine.
-
Avoir de l’acier en fusion est impossible par la
simple action d’incendies. Et
pourquoi le métal fondu repéré serait forcément de l’acier ? Que
trouve-t-on en quantité dans un avion de ligne ? De l’aluminium qui fond
dès 600 degrés, température largement dépassée dans certaines zones de la
fournaise du WTC.
-
De la thermite aurait été déposée sur les structures
en acier pour les faire fondre, comme l’attesterait la présence dans les débris
d’un mélange de soufre, d’aluminium et d’oxyde ferrique. Là, je renvoie à l’explication minutieuse de Science & Vie, mais le simple bon
sens suffirait à contrecarrer les allusions : la mise à bas en moins de
deux heures de ces gigantesques masses aux composants multiples a forcément
engendré des réactions physico-chimiques hors norme. De là, une interprétation
orientée peut faire parler des
preuves pour abreuver son sordide moulin idéologique.
- Des débris métalliques ont une taille similaire, comme
pour faciliter le déblaiement suite à une destruction programmée. Je ne connaissais pas cet argument-tonneau des
conspirationnistes… Rien ne les arrête, même le crétinisme achevé… Il ne leur
vient pas à l’esprit que les parties les plus fragiles ayant cédé en premier
sont justement les extrémités et que les longueurs si facilement transportables
avaient été fixées lors de la construction et non pour l’enlèvement après
dynamitage.
- Aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone, thèse à
succès du Meyssan. Au-delà de
l’imbécillité infinie de croire qu’un pouvoir politique donnerait l’ordre à son
armée de tirer sur son centre de commandement, il existe des faits et des
témoignages imparables. Le trou engendré par l’impact fait une trentaine de
mètres de largeur et non cinq comme le montreraient certains clichés envahis
par la fumée et l’eau déversée. En survolant l’autoroute à basse altitude,
l’avion a sectionné plusieurs lampadaires espacés de 25 mètres. Des centaines
de témoignages, dont celui d’un journaliste « insoupçonnable de collusion
avec le pouvoir » confirment la présence d’un avion… Enfin, la liste des
victimes et les nombreux débris retrouvés et photographiés démontent l’insane
pitrerie de Meyssan.
En psychologie, trois
indications à méditer :
La rhétorique des théories du
complot : « présenter une série d’indices comme des effets présumés
de causes qui, en réalité, sont absentes. »
« Le besoin de se sentir
maître de la situation est si fort que les individus vont produire des
informations à partir du bruit pour retrouver un cadre stable. »
« Les militants du
complot n’écoutent que leurs semblables et n’entendent que ce qui les
agrée. »
Peine perdue, donc de vouloir
persuader les Bigard, Boutin, Cotillard, Fo, Le Pen, Sheen, Stone et tous les
anonymes dont le doute suspicieux est ancré.
Ne serait-il pas préférable
d’acter la réalité d’attentats commis par Al Qaida et d’approfondir l’analyse
géopolitique, quitte à se montrer très sévère à l’égard du pouvoir Bush de
l’époque, plutôt que de vouloir blanchir une organisation terroriste
internationale responsable de dizaines d’attentats sur la planète ?
Rappelons que certains hauts responsables de la nébuleuse ont eux-mêmes
revendiqué la paternité du Onze Septembre. Dès le 12 Septembre 2001 j’écrivais
« A
force de donner les bons et mauvais points, de soutenir puis de rejeter tel ou
tel par stratégie politique, le Gendarme du Monde vient de subir un terrifiant
retour de boomerang. »
Evacuons, le temps d’une journée,
ces polémiques pour concentrer nos pensées sur les 2976 victimes du Onze
Septembre.
Jeudi 22
Septembre
Europe :
un État ou l’implosion
Malgré
des berges du Rhône encore ensoleillées, la débâcle ne semble pouvoir
s’évaporer. Les couleurs feutrées d’une fin d’été peinent à voiler le gris-catastrophe qui nous enturbanne,
alors que d’autres, sinistres illuminés, appliquent au pied de la tête la décriée caricature de Kurt Westergaar explosant
ainsi l’ancien président afghan Rabbani et quelques vies dans une pleine et
entière liberté d’expression… terroriste. Je digresse…
Combien
de temps va-t-on encore rester au milieu du gué à ne prendre aucune décision
d’envergure qui permette un électrochoc européen pour un choix définitif ?
Il faut que les vingt-sept États de l’Union (moins, si certains sont
réfractaires à ce genre d’opération vérité) organisent un référendum à date
unique pour un dilemme simple : voulez-vous de l’Europe fédérale ou d’un
retour aux nations pleinement souveraines ?
L’entre-deux
de l’UE a échoué. Le petit pas de 2005 a été celui de trop suite à des erreurs
politiques majeures qui ont flingué un projet ambitieux au profit d’une
stagnation fatale.
Il
n’est plus temps d’attendre que les prêteurs internationaux décident en lieu et
place des peuples. Que chacun d’entre-nous se positionne en son âme et
conscience : des États à l’aune de ce qu’ils peuvent individuellement ou
l’intégration achevée au nom d’une solidarité européenne qui prendra alors tout
son sens.
L’angoisse
croissante des experts ne laisse plus de côté l’hypothèse d’une montée des
antagonismes haineux entre nations. Soixante ans de construction pour un retour
à la case départ ? Alors que la majorité européenne qui l’aura décidé
l’assume plutôt que de se défouler sur des gouvernants sans souffle. Au lieu de
cela on bricole, on s’illusionne, puis on attend que le cyclone systémique nous
emporte.
Que
vaudra la prochaine élection présidentielle si, dès le lendemain, la sacralisée
note française s’effondre car la réalité du gouffre déficitaire l’imposera,
empêchant de facto la mise en œuvre de tout programme qui ne s’articulerait pas
autour d’une austérité drastique ? Les Européens sont dès aujourd’hui des
Grecs en puissance… en faiblesse extrême.
Alors
que les égoïsmes nationaux s’expriment, mais sans le facile paravent des
dirigeants. Qu’il soit acté, un même jour de vote, bien plus crucial que notre
jeu d’ombres présidentielles, la séparation des nations de l’UE pour le pire.
Ainsi plus de faux-semblant, mais de l’assumé jusqu’au fond des tripes.
A
moins que cette belle Europe, qui a fait fondre Zeus lui-même, ne soit pas
qu’une mythologie.
Samedi 1erOctobre
Al
Qaida vient de ridiculiser le discours négationniste du grotesque Ahmadinejad
et, à travers lui, de tous les complotistes qui font leur beurre ou nourrissent
leurs fantasmes sur la remise en cause des évidences du Onze Septembre. La
nébuleuse terroriste réaffirme avec force la paternité du plus gros attentat
jamais commis, ravalant le dirigeant iranien à un suppôt des Américains qui ne
trouveraient rien de mieux que de nier la capacité d’Al Qaida à effectuer un
tel coup de force.
C’est
la plus cinglante réponse qu’on pouvait espérer, un peu comme si Hitler pouvait
venir botter le cul à tous les révisionnistes en leur rappelant l’efficacité de
son industrie exterminatrice, fours crématoires et chambres à gaz inclus.
Curieuse
naïveté des adeptes du complot américano-sioniste, Ahmadinejad en tête, qui ont
cru recevoir la bénédiction sous-jacente des ennemis de l’Occident. Pour ces derniers
cela reviendrait à une insupportable relégation de leur effroyable coup de
maître en sordide tromperie sur le déroulé des événements et leurs
protagonistes.
A
force de n’avoir en ligne de mire que le Grand Satan Sam, ils ont négligé
l’affront que pouvait constituer leur délire argumentatif chez les disciples de
feu Oussama.
Cependant,
ne doutons pas de la ressource reconstituante des phares de l’escroquerie
intellectuelle. Les anonymes de la toile n’auront aucune difficulté à se
carapater sans un mot d’excuse ou de regret, en attendant que les meneurs
trouvent une nouvelle faille à la version encore plus officielle puisqu’elle
est revendiquée par les deux parties. Ils vont sans doute dénicher une
machination anglo-saxonne génitrice de l’organe de propagande al qaidien. Ben
voyons ! Rien n’effraie les complotistes, surtout pas la contradiction
intrinsèque.
Tout
est suspicion, du moment qu’on se rêve dans la minorité initiée à la vérité que
les potentats dissimulent. Au final, le lieu commun règne sans partage.
Bravons-les au fond pour qu’il n’en subsiste qu’une infâme mixture.
Alors
que le numéro deux de la PJ de Lyon va connaître la cellule de l’intérieur, je
m’imprègne des rayons encore vivaces d’octobre.
Samedi 8
Octobre
Lions
Yeux, Oreilles, Nez
Pour
affûter ses sens et entailler l'actualité.
La
ville des sens : base idéale pour fustiger l’essence des vils. Lyon, pour
croquer plus en profondeur les agités du cloaque. Tout en perspectives, en
dénivelés dentelés, cette capitale de vie éclaire les voies à cheminer et
celles à carboniser. Suffisamment vaste pour s’y fondre, assez intime pour s’y
reconnaître, je loue son espace et me catapulte sans effort vers le bleu du
ciel depuis ses berges enchanteresses.
Je
n’ai évidemment pas attendu Stéphane Hessel pour réagir aux travers du monde.
Dès 2005, je baptisais mon premier blog, à la technique rudimentaire, Indignation. Lyon, enfonçons sans
retenue nos crocs dans la chair des tordus, élaguons les circonvolutions des
postures convenues, arrachons la graisse pour dénuder l’os. Lyon, ta crinière
rhôno-saônienne influence mes confluences enflammées. Savoir prendre l’élan
depuis ton double i, échasses efficaces pour transcender sa vision des
soubresauts du temps.
Visiblement, Al Qaida vient de
ridiculiser le discours négationniste de l’insane Ahmadinejad et, à travers sa
repoussante carcasse, de tous les complotistes qui font leur beurre par la
remise en cause des évidences du Onze Septembre. La nébuleuse terroriste
réaffirme avec force la paternité du plus gros attentat jamais commis, ravalant
le dirigeant iranien à un suppôt des Américains qui ne trouverait rien de mieux
que de nier la capacité d’Al Qaida à effectuer un tel coup de force. C’est la
plus cinglante réponse qu’on pouvait espérer : un peu comme si Hitler
lui-même venait botter le cul de tous les révisionnistes en leur rappelant
l’efficacité de sa Solution finale, fours crématoires et chambres à gaz inclus.
Curieuse
naïveté des adeptes du complot qui ont cru au silence complaisant des ennemis
de l’Occident. Ces démonstrations pseudo scientifiques sonnent comme
l’insupportable relégation de leur sanglant coup de maître en minable tromperie
sur le déroulé des événements et leurs protagonistes. A force de n’avoir en
ligne de mire que le Grand Satan Sam, ils ont négligé l’affront que pouvait
constituer leur logorrhée argumentative chez les disciples de feu Oussama.
Ne
doutons pas de la ressource régénérative des phares de l’escroquerie
intellectuelle. Les anonymes de la toile n’auront aucune difficulté à se carapater
sans un mot d’excuse ou de regret en attendant que les meneurs trouvent une
nouvelle faille à la version officielle renforcée puisqu’elle est revendiquée
par les deux parties ennemies. Les Meyssan and Co vont sans doute révéler
une machination anglo-saxonne au cœur de l’organe de propagande al qaidien…
A écouter le yoyo rhétorique des experts économico-financiers, l’humeur
s’écartèle sans accroche certaine.
Alors
qu’on connaît depuis ses débuts la part dévastatrice du nucléaire, on commence
tout juste à découvrir les menaces que nous fait courir l’informatique algorithmée via le grand casino
boursier. La recette explosive pour générer un effondrement systémique suivi
d’une dépression mondiale : des dettes souveraines hors de contrôle, un
panurgisme démultiplié au son de la rumeur et l’amplification des mouvements
par des algorithmes déchaînés. Derrière ce trio à l’œuvre, tel un activateur
d’anti-économie, des sociétés en lambeaux prêtes à s’étriper pour quelque
prétexte exacerbé.
La senteur des affaires d’Etat
écœure : un peu comme si l’on nous obligeait à plonger dans un alcool de
truffes pourries. Les remontées karachiennes rendent l’opportunisme d’un
Balladur encore plus méprisable. Son discours ronronnant et policé cachait donc
la salauderie des rétro-commissions… En face, le Chirac a parfaitement su
éviter la claque finale par une pirouette cérébrale : le service rendu à
la nation méritait bien une Justice sourde et aveugle. On ne traite pas un
ancien locataire de l’Élysée comme un vulgaire délinquant anonyme… Les adages,
les devises et les principes ne valent que pour les façades et une Constitution
de la Cinquième… colonne sûrement. Le président du Conseil constitutionnel
d’alors a bien sûr validé les comptes de campagne des deux tripatouilleurs en
lice, pour compléter le panorama. La chansonnette institutionnelle du Roland
n’a vraiment aucun panache : Dumas envers et contre tout l’intérêt
général !
Et
dire que les disciples de tout ce petit monde sont en charge de l’État ou prêts
à le diriger…
Mardi 1er
Novembre
Nouveau
commentaire critique sur mon affichage pamphlétaire qui ne serait pas à la
hauteur des espérances. Mon texte « Abats de dictatures » révèlerait
ses failles six mois plus tard. Pas étonnant pour le bloggeur Jean-Louis Roche
auteur du Prolétariat universel sur
Blogspot.com : « je suis prof. » ce qui édifierait sur ma
position dans la pyramide sociale.
N’est
pas non plus commentateur qui veut : aucune preuve, aucun argument pour
soutenir un chouia l’assertion et une confusion grossière sur mon métier
alimentaire. Sans doute que mon hommage à une facette de la mondialisation n’a
pas plu au bougre. Son Prolétaire
universel doit sans doute cultiver un nationalisme honteux pour décliner
ses revendications.
Semaine
prochaine, premier acte de mon parcours judiciaire : le juge de proximité
pour dénoncer les choix des huissiers requis dans mon contentieux avec Scrotitrisation.
Précipitation pour saisir mes comptes alors que j’avais déjà fait opposition et
qu’ils ne pouvaient l’ignorer et post datation du document de retrait pour
faire croire le contraire. Sentiment d’impunité des agents assermentés qui
mérite que je stigmatise leurs agissements au-delà du traditionnel contentieux
portant sur l’exécution.
Samedi 5
Novembre
Quand
les notes s’agencent…
Comme
un appel du merveilleux avant les échéances tragiques, « It’s so
cold ! » : l’élan expressif colore mon ascendante imprégnation. Ce
toboggan musical bouleverse les repères, comme un air oxygénant… Reprise des
ultimes notes pour ouvrir l’avant-scène paradisiaque. Vrombir, fendre la toile
et laisser croître les sons épurés. Délaissons les heurts économico-financiers,
mieux même ! larguons-les au bout d’une note, une seule, clef sur le sol
enchanté de Coldplay. Oh ! ces dérives, ces désastres, permettons à
l’ivresse poétique de les phagocyter pour une renaissance du temps
mirifique : celui d’un projet, d’un objectif, de quelque espoir en ligne
de mire. L’écho du babil spéculateur s’épuisera… peut-être !
La
voix sacralisée du peuple, souveraineté à tester, et pas seulement chez les
Grecs. Et après ? On fait quoi du passé ? Table rase, compteur à zéro
pointé ? Soyons sincère : quelle empathie avons-nous pour nos aïeux
et les souffrances collectives endurées ? Au mieux de la curiosité historique…
La solidarité intergénérationnelle ? Foutaise… La démagocratie a régné sans partage des décennies pour faire du trou
budgétaire des abysses incurables. En route pour l’ochlocratie et ses
excès ? C’est le nez trempé dans la bouse que la génération en activité
admet, et pas unanimement, les efforts à consentir pour simplement revenir à
l’équilibre… En suspens harmonieux, la mélodie du quatuor britannique s’ancre,
atténuant mes fulminations.
Chacun
affiche de belles intentions, mais seule obsède sa condition personnelle :
sauver sa mise pour son petit bout de vie agencé au mieux de ses capacités, de
ce que l’on peut grappiller, quitte à crotter un peu, beaucoup, lamentablement
la destinée collective.
Une
dualité de dupes : soi et la société. Des intérêts incompatibles
qu’occulte la fiction d’une souveraineté populaire qui insufflerait une sagesse
sans faille. Pour nos gouvernants : gérer vaille que vaille pour tenter
d’anticiper les effondrements, d’esquiver les plus gros obstacles et de s’en
remettre à quoi ? J’espère pas aux billevesées religieuses qui voudraient
s’imposer comme sacrées, intouchables alors qu’elles ne sont rien d’autres que
des opinions très très relatives, du subjectif très très contestable…
Entre
le cynisme de l’arriviste avide et l’intégrisme criminel du croyant, gardons le
cap ! Allergique au panurgisme, réfractaire à toute conversion. Quelques
notes de piano extraites de la treille musicale : quand la source coule…
play ! et vogue par delà l’intolérable…
Samedi 26
Novembre
Les nationalistes sociaux se
délectent : la zone euro de l’Utopique Errement s’obstine dans l’impasse.
Il ne reste plus qu’à guetter son trépas. Dettes obscènes, souveraines
paraît-il, imposent une diète implacable faisant fi de l’impécunieuse
philosophie du désir. L’Europe politique : un corps tétanisé, bientôt
cadavérique, avec de trop nombreux membres en convulsions terminales.
L’infra puissance européenne
libère les partisans du ratatinement dans nos bonnes vieilles
frontières, vous savez celles qui ont justifié quelques dizaines de millions de
morts violentes par guerre… « Avec mon hexagone j’avais l’air d’un con,
mais fier ; avec ma très grosse dette j’avais l’air bidon ! »
Bientôt deux mille milliards d’euros, traduisez à la louche pantagruélique
douze mille milliards de nos vieux francs que les caverneux du pays veulent
voir rejaillir. Chacun pour soi, les uns contre les autres, dans un ballet
haineux.
Salir, déformer, saloper la
construction européenne pour se gargariser de sa puissance souveraine
retrouvée. Pas pour ça que notre budget ira mieux…
Cette gouvernance politique
efficace nous l’aurions peut-être aujourd’hui si le dessein proposé en 2005
avait été retenu. Ceux qui se sont unis pour le rejeter ont été incapables de
mettre en place l’Europe de leurs vœux pour une raison simple : aucune
unité de projet, juste l’association de destructeurs pour la circonstance. Et
on voudrait nous faire croire que la responsabilité collective n’existe
pas ? Une culpabilité historique en l’espère, que nous paierons de plus en
plus cher le temps passant. Le nihilisme politique est en passe de
triompher : dislocation européenne pour faire quoi après ? Une
coalition Mélenchon-Joly-Le Pen pour un chaos permanent ? Le dirigisme
étatique d’une France asphyxiée par ses dettes, une perte d’énergie au gré des
humeurs de l’écologiste inconséquente, la nation en bandoulière pour se branlouiller
sur une prétendue grandeur éternelle. Ces pitres, dangereux et mortifères
pitres ! « Allons vieillards d’une France qui s’ruine / Le coût
d’l’ardoise doit s’rembourser. »
Dimanche 11
décembre
Lyon, au
faîte de sa lumière
Et
les lumières fusent…
Faire
abstraction de la multitude dans ses artères et absorber les projections
lumineuses. Initiation à l’esthétisme d’une ville réinventée : des
myriades de flammes du Huit aux ballets de couleurs sur bâtiments transmués,
les sens exaltent.
J’entame
par du grillage à poules, aux abords du lac de la Tête d’Or, pour un irréel
vaporeux. J’effleure ensuite la crinière du cheval échappé de la fontaine Bartholdi,
puis je grime vers la façade fraîchement restaurée de la Saint-Jean. D’une rive
l’autre, les passerelles dévoilent leurs charmes : celle du Collège pour
un soir pyrotechnique, celle de la Justice pour des feux de la rampe orchestrés
sans fausse note.
Sous
la bénédiction bleutée d’une basilique en suspens, les quartiers de Lugdunum
s’illuminent et la pleine lune se devine, comme un signe céleste.
Une,
deux, trois lumières ! Ne bougeons plus, la féérie s’opère.
Mardi 20 décembre
Tout
file, le sens aussi. Les trois audiences judiciaires rendront leur sentence
respective au cours du premier trimestre 2012 : délivrance ou prolongation
des ennuis. Une vie en sursis, en attendant que s’évacuent ces dernières
fientes de la vie d’avant, celle sous l’emprise du maudit.
Vu
le Hugo Cabret de Scorcese :
conte enchanteur sur le destin cassé, puis réparé, de G. Melies.
Dimanche 25 décembre
Une
gastro kalachnicovée pour lancer les
festivités. Mes premiers repas de Noël se limiteront à du riz, des pâtes, une soupe d’amidon, du Smecta et un peu de
blanc de chapon sans peau grillée.
Lundi 26 décembre
Après
trois jours, les délicats intestins semblent avoir retrouvé leur intégrité.
27 décembre
Aux
Champs déguisés…
Deux passages à quelques semaines
de distance : le premier vous stupéfie ou vous amuse, le second vous effondre.
Emblème d'une France en déshérence : les illuminations des Champs Élysées au
mieux vous dépriment, puis dégoûtent de tout au final. Jusqu'alors fer de lance
de l'esthétisme hivernal, pour une féérie sans pareille, elles se ratatinent
cette année à trois sordides anneaux lumineux par arbre comme pour une obscure
fête foraine qui se chercherait festive ou une vulgaire grande surface qui
tenterait l'avant gardisme décoratif auto-proclamé. On est sur la plus belle
avenue du monde quand même, non ? MERDE !
Cette enfilade de triples cercles
anéantit la majesté des arbres qu'on a maladroitement affublés de quelques
simili-guirlandes censées refléter les couleurs des pauvres ronds, mais qui
s'accrochent, au premier coup de vent, dans les branches à portée pour
accentuer la désolation du tableau : nos Champs travestis en repoussantes zones
d'épandage...
L'initiateur de ces laideurs
sur socles coûteux aurait pu rattraper un chouia les choses en multipliant les
effets de lumière des cercles honteux, en créant une rythmique colorée qui compense
le mauvais goût initial. Éh ben non... il faut pousser le minable jusqu'à sa
quintessence. Lors de ma venue première, début décembre, un bleu électrique
pour tous les anneaux, dix minutes durant sans la moindre variation : goulag
visuel, la tête coincée dans le frigidaire éclairé, le nez sur des restes
rances de victuailles oubliées... A mon retour, le 25 décembre, blanc et rouge
alternés avec, une fois par minute, un furtif effet virant vers le vieux rose :
enchantement de la technique, paroxystique recherche du créateur ! Même englué
dans les bouchons de la descente des Champs, pas d'autre variante que la
faiblarde décrite.
Si on voulait faire mauvaise
tronche à la face du monde, c'est une réussite magistrale. A moins que des
exégètes péteux aient eu le soutien logistique pour défendre cette calamiteuse
déco dans les réseaux touristiques.
Notre Avenue nationale s'en
remettra, évidemment, mais comme symbole d'une année en chute libre avant celle
d'un écrasement en fond de fosse, on ne pouvait trouver mieux.
« Aux Champs déguisés / Aux
Champs déguisés / Noël et Saint-Sylvestre / sont trahis, enlaidis / Il y a
tout c'que vous fuyez / Aux Champs déguisés ! »... Joe, ne reviens pas,
ils ont tout salopé !
Mardi 27 décembre
Le
Netbook a lâché, tout au moins sa
carte vidéo.
A
Saint-Denis la Chevasse pour la dernière étape de la tournée des familles.
Déconnexion d’avec l’actualité qui s’imposera dès la naissance de 2012. Se
monte-t-on la tête avec toutes ces menaces cumulées dont on ne ressent pas
encore dans sa chair les effets dévastateurs annoncés ?
Mercredi 28 décembre,
vers 1h20
Fin
de soirée conviviale dans l’ensemble, mais toujours quelques tensions
sous-jacentes, notamment entre Richard et Annette : une bouteille de
Malvoisie à moitié pleine, Annette lui demande s’il ne veut pas la finir, sur
un ton semi ironique. « Fous-moi la paix ! » maugrée-t-il,
prenant cela comme une attaque personnelle. Les petits travers de la
promiscuité, toute affective qu’elle s’affiche, ne manquent pas de s’imposer.
Rien de dramatique, mais une ambiance pourrie par ce dérapage réciproque plus
ou moins contrôlé. J’en profite pour m’éclipser.
Les
repas à rallonge ce n’est décidément plus pour moi : vacciné par les excès
insupportables des repas dit catharsis
du Heïm le maudit encore vivant. Ce
pan d’existence m’est si étranger aujourd’hui qu’il me faut redoubler d’efforts
pour reconstituer, un instant, une parcelle symptomatique des dérives
cultivées.
Vu
sur Internet que la société française en charge des illuminations des Champs
Élysées depuis 2007 avait perdu le marché au profit d’une entité belge à
l’origine des minables décorations de cette année. Et l’avenue doit en prendre
au moins pour quatre ans, le temps de bien faire fuir les touristes durant
cette période. A moins qu’un engouement absurde se révèle pour les cercles et
les guirlandes associées.
Du 28 au 31
décembre
Une clé
de 12 pour la 11, vite…
… avant
que je perde mon titre AAA…bscons.
Un
certain mercredi 29 décembre 2010, j’entamais dans la brume d’une pièce
incertaine le Manus XXI de ce Journal fourre-tout. Trois cent soixante-cinq
jours plus tard exactement, je l’achève sans pitié.
Lecture
du Journal d’un mythomane de Nicolas
Bedos que je découvre couché sur le papier. Plume alerte, charges aiguisées
pour mieux pénétrer les proies, je me trouve un peu fade à côté. Fini le temps
de gros niqueurs minitellien où je
cassais la rondelle de Sophie Marceau répandue dans un Zulawski en rut :
elle « a l’air d’un tubercule pour charcutier poids lourd, enviandé par un
cheptel butyreux de pâlots gras du bide. » (18 février 1988).
J’émousse
ma pique sans raison rationnelle puisque rien ne peut me retenir ni me
contraindre. Peut-être une frilosité croissante, la part d’existence à vivre se
réduisant. Les places de polémistes et pamphlétaires en vue sont prises et rien
ne me motive pour aller jouer des coudes et parader sur la scène médiatique.
Grotesque je serais ! Se contenter de cette obscure parcelle
infinitésimale sur le Net et pondre, pondre jusqu’à ce que crève et fin s’en
suivent.
Jalouser
en secret les réussites littéraires, pourquoi pas : ça entretient le
semblant de substance de ses écrits. Justifier ses propres inconséquences par
un retrait proclamé volontaire, allons-y : l’illusion s’érige comme le
confort des insatisfaits, des sous-vivants au regard de leurs inavouables aspirations.
Laisser les ascensions aux autres, bichonner son stoïcisme et garantir ainsi le
minimum excitatif. L’heure de la libération absolue est très loin d’être venue.
Après
la flagelle comme préliminaires, une petite rétrospective à la Bedos s’impose. Que
retenir de la croulante 2011 aux affres consommées ? Elle n’a vraiment pas
tourné rond : ça fuite de partout, ça grogne et ça s’éparpille…
Janvier
frigorifie : je me refuse d’émerger, à d’autres les érections. Quelques
populations arabes chamboulent les équilibres géopolitiques chers à nos
réservoirs et aux séjours d’autruches-touristes pour nous infliger de
l’islamisme radical qu’on mijote déjà dans nos meilleures cités.
Pas
mieux en Février, d’autant que la MAM s’enlise. Allez, je me retourne un coup
pour replacer la couette. Vous connaissez la chanson : « Michelle
sans selle, s’est vautrée à ne voir que son angle ». Elle confirme ainsi
son double effet : une impression de rectitude à la limite du psychorigide
pour mieux camoufler ses bourdes, la gourde, ses boulettes et son nécessaire de
survie à la sauce Ben Ali. Loin d’être la seule, mais la maladresse médiatique
est la sentence suprême pour un personnage public. Exit l’Alliot-Marie !
Voilà
que Mars prend des couleurs atomiques. La percée de la centrale de Fukushima,
ouverte à tous les vents, nous permet de humer ses profondeurs énergisantes. De
là à couvrir les terres de France d’éoliennes, la Joly plissée a sauté le pas
et au-dessus des mottes. Mon sac de provisions me l’avait pourtant
conseillé : « Trier, c’est simple. En vrac, dans la poubelle
verte » les Mamère, Duflot, Joly et Lipietz. Action citoyenne en attendant
que le réchauffement nous engloutisse via les eaux hostiles. Finalement, je
pète un coup et je me rendors.
De
qui se moque Avril ? J’attendais la danse touchante de deux moineaux et je
me retrouve avec le ballet de la longue desséchée se frottant contre l’otarie
gloutonne. Le Lagarde et Nanard, ça ne vous dit rien ? Une compilation
très financière avec du trop complexe pour vraiment révolter le bon pôple. Les arguments de la Christine
tiennent la route, mais celle-ci se borde déjà de gibets pour que les enragés
mélenchonniens se soulagent à coup de banquiers, d’affairistes et de traders,
mais pas encore des salopards du ballon rond obscènement payés. Quelques idoles
à préserver pour que les apprentis révolutionnaires ne se pendent pas
eux-mêmes.
En
Mai, fourre ce qu’il te plaît ? Le cher DSK égaye l’année, enfin ! Ce
Dangereux Satyre (pas encore) Knouté comble bien profond sa voie présidentielle
évitant ainsi à la Marianne de se trimballer un SEXtennat avec un addict du
coït dominateur. Exit l’excité !
Le
rut se prolonge en Juin : la verge en tête de proue pour un Tron mis à
pied trop massé. Strauss-Khan était resté dans l’assouvissement du mâle de
base : mains aux nibards, pénétration sans doigté et fellation imposée. Du
primaire dont la seule obsession est de faire traire ses gonades encombrantes
de gré ou de plus en plus de force… Avec Georges Tron on quitte la sphère du
cul pour celle de la voûte plantaire avec orteils bien dessinés. Le dadais,
villepiniste avant qu’on lui offre un sous-maroquin, a caressé et mâchouillé du
panard délicat sans l’entier consentement des propriétaires. Du viol assimilé
dont la seule accusation suffit pour le débarquer. Ne surtout pas s’encombrer
de brebis libidineuse dans le camp du fidèle Sarkozy. Au trou le Tron !
L’été
s’annonçait bandant, Juillet liquéfie les ardeurs et impose du Guérini comme
plat de suffisance. Beaucoup moins bellâtre que le Georges piétiné, même
carrément patibulaire, le président du Conseil général des Chiottes-du-Rhône
arbore la complète panoplie de la barbouze politique avec dérive mafieuse.
Quand l’impunité fait sa parade… Heureusement, le Montebourg veillait au grain
pour nous dispenser de cette nuisible ivraie.
Début
Août, j’ai cru un instant que l’ami Pagnol était revenu, avec sa Pomponnette…
et non, encore raté ! Le temps des fadettes rappelle simplement que la
liberté de la presse n’est jamais acquise. Stop ! la grandiloquence dormitive,
c’est l’été ! Monokini et courbes à croquer pendant que notre triple A est
à la diète. Comme une revanche du cancre : le pays dans son entier, et
notamment ces empafés de profs, doit subir les foudres de censeurs
incorruptibles. Une dégradation annoncée qui porte un coup à la fierté
patriotique mal placée. Pour le chaos claironné, attendons qu’il arrive. Les
U.S. n’ont pas l’air de se porter si mal avec un A de moins…
Berk !
la rentrée de Septembre : les cartables pour les mioches de la République,
les mallettes pour les moches de la politique. Vieilles affaires à se bouffer
jusqu’en Octobre face aux arcanes cathédralesques de Karachi. Tête dans le
baquet des deux crocos de la droite aux Présidentielles de 1995 : de
l’argent sale à profusion, de la trahison en tartines écœurantes, des cadavres
même… Toute la pourriture cumulée d’un jeu de massacre affiché démocratique et
que les deux croulants ennemis, le sourd Alzheimer et le Goitreux coincé,
voudraient que la Justice oublie. Pas de bol, Chirac a reçu sa sentence fin
2011 comme un vulgaire délinquant ; pour l’équilibre, espérons que
Balladur ne puisse plus se tenir loin du pot crado des délits commis en son nom
et avec sa doucereuse bénédiction.
La
belle saison a vraiment trépassé : Novembre et son automne poisseux
accentuent la déprime. Le cœur antique de l’Europe ne peut plus nous offrir le
moindre raffinement d’une grandeur perdue, mais juste se prendre quelques
claques pour une prestation budgétaire calamiteuse. Après la Grèce disciplinée
de force sous peine de banqueroute hors de l’UE, l’Italie sort de son ère de
capotes à paillettes pour une rigueur déberlusconisée.
Fin de cycle, récré terminée !
En
Décembre, mieux que Laurel et Hardy avec leur piano de Sisyphe, Merkel et
Sarkozy s’ingénient (ni saints, ni génies, je précise pour les empoussiérés du
cortex) à entretenir leur romance, évolutive comme un meuble Ikéa pour cage à
lapins : du « je t’aime moi non plus… » au « je t’encule
moi aussi ! » sur le plancher clouté de leur baraquement branlant. La
partouze à vingt-sept, malgré les deux Sex Toys en chef, n’a vraiment plus rien
de jouissif. Adenauer, Spaak, De Gasperi, Schuman revenez : butiner vos
brioches poilues sera toujours plus inspirant que le bal des gougnafiers
infligé par vos lointains successeurs. Dix ans d’Euro et toujours pas d’État
européen… On a élargi jusqu’au grand écart douloureux sans accélérer
l’intégration avec abandon conséquent de souveraineté. La mosaïque, ça va très
bien pour l’esthétique immobilière, mais pas pour une entité politique. Bouc
émissaire de tous nos malheurs, l’UE se traîne : impasse et perd… Les
finances, plus que jamais à sec, vont faire encore plus mal en 2012, point
l’année de la fin du monde, mais du poing râpeux dans le fonds national :
un fisting pour sonner le rappel,
nous faire trébucher, avant l’achèvement.
D’ici
là, entonnons en joie : « C’est la Merkel, Moi Sarkozy / C’est elle
la Grosse et moi le Petit / C’est la Merkel, Moi Sarkozy / Et nous sommes de
faux amis ! »
2011
fut vraiment une année de merde, alors imaginez ce que sera 2012.
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