L'An 2014

10 janvier
On peut être contre la rhétorique abjecte de Dieudonné et trouver dangereuse la décision prise par le Conseil d’Etat hier. La censure a priori ouvre la voie à une emprise judiciaire sur la vie culturelle du pays.
Autre point : le succès d’un Dieudonné et l’excitation politique qu’il déclenche révèle le vrai malaise d’une opinion publique en route pour le pire.

Commencement d’un petit carnet d’acrostweets pour ne plus mélanger les genres dans ces pages et tenter de reprendre le suivi, même sommaire, d’une existence au point mort.

29 janvier
Désillusion sur toute la ligne. Je vais pitoyablement refaire de la formation à durée déterminée et à temps partiel en février et mars. Le néant total dans mes démarches. A se pendre. Témoin du temps qui passe et de ce monde qui mute, sans relationnel réel, tous ces gens côtoyés... perte de temps.
Plus qu’à vomir sur le temps qu’il me reste et à vivoter sans plus rien attendre. Même ces lignes n’ont plus aucun sens, pages destinées à se torcher si le grain du papier le permettait. Explique ma désertion du lieu.

Une opinion publique qui se radicalise alors que je m’amollis. Un parcours idéologique inverse de l’opinion dominante.
Spécialiste de rien, dilué dans pas grand-chose et bien fixé sur la vanité de mes initiatives. La lente dégringolade me guette…
Journal solitaire, dernière phase de cette obscure tentative qui aura été d’une grande inutilité… du remplissage, encore une fois… Là, je n’ai à m’en prendre qu’à moi-même… pas l’alibi du défunt Heïm pour justifier mes propres inconséquences… Pauvre de moi.

30 janvier
Encore une part de soi qui s’évanouit et nous rabougrit en peu plus : Cavanna s’en est allé et « Hara Kipleure » pour citer le joli titre de Libération. Et même si à 90 ans il n’y a rien de plus normal comme le soulignent, perfides, quelques anonymes de la toile, je ne me résous à aucune normalité pour les créateurs qui ont nourri mes premières années de lecture.
Styliste alerte, il tranchait sur le bon-penser ambiant. Et avec le complice Choron, l’aventure harakirienne fut épique et grandiose. Tellement de voies ouvertes dans la dérision et que notre société repliée, aux résurgences religieuses et conservatrices, referme peu à peu.
Adieu Cavanna…

Février
Ci-gît Ianoukovitch

Bien reçu, et en pleine tronche le Molotov ! A force de jouer le rapprochement avec Moscou, ça devait m’arriver. Plus un seul bout de peau, tout noirci, comme grillé du squelette je me sens. Après mes erreurs de jeunesse, on m’accuse de crimes de vieillesse. Cette masse d’excités, des ultra nationalistes aux pro-européens, n’a rien compris à mon projet. Et me voilà carcasse fumante…
J’ai trop hésité : à vouloir conserver une apparence démocratique au pouvoir, je n’ai pas réprimé suffisamment l’insurrection. Quelques dizaines de morts, ça rime à quoi lorsqu’on retient la Terreur comme projet politique ?

M’ont pas loupé les terroristes : du Molotov pour me cramer jusqu’au trognon. Pas de doute : c’est l’effet de mon rapprochement avec Moscou. Ici reposent les restes carbonisés du président-autocrate mort avec son pays… Rien à regretter, sauf ce manque de fermeté.
Je sens le liquide embraser chaque parcelle d’un corps devenu torche. Je sais la place Maïdan à feu et à sang au même instant. Une face enflammée qui n’a plus de visage, une place déchaînée qui entretient sa rage. Ma peau se consume et me submerge en douleurs atroces. La fumée de mes entrailles n’a pas plus de panache que la fin sordide des Ceausescu, et l’agonie se prolonge.
La clameur des insurgés étouffe mes affres…  Mes membres s’évaporent sous la chaleur dévorante, mon pouvoir a trépassé.
La belle tressée est libérée, le monstre stressé s’est taillé.
Chaque territoire connaît des voraces que la vie paisible ne peut satisfaire. Le fluide mortifère capte les rogatons à portée, accumulés jusqu’à l’éclatement.

Je surplombe, dans ma vêture hivernale, la vaste pelouse du parc public. Premier dimanche 2014 vraiment radieux avec bras nus possibles… sauf quand la brise se fait sentir.
Une belle en cheveux occupe le banc de droite, un bouquin pour l’attention, une grâce de chaque instant qui interdit toute perturbation. L’âge s’impose par cette posture contemplative. Les mots imprimés auxquels elle accorde son attention, des doigts fins qui les frôlent, mes mots manuscrits qui s’agitent sur petits carreaux sans destinataire. Occasion d’expression en altitude.
Le prévaricateur Ianoukovitch a quitté sa scène sanglante, morgue dégonflée, quelques dizaines de morts pour maintenir son oppression en sursis.

Jeudi 6 mars
Fin d’une semaine à vingt-quatre heures de FFP avant de retomber dès la semaine prochaine dans la sous-activité et l’éventuel néant pro.

9 mars
Diariste et pamphlétaire : marginalité littéraire ?
Plus que jamais, l’univers éditorial laisse peu passer ces deux genres littéraires, face au mastodonte romanesque. Pourtant, les plus reconnus du monde des lettres ont, tôt ou tard, trempé leur plume dans l’huile de vitriol et certains, en parallèle de leur œuvre officielle, ont enrichi la littérature d’un journal scrupuleusement tenu, carnet intime essentiel à leur équilibre créatif. Pour les éditeurs : épée judiciaire d’un Damoclès procédurier, le peu d’inclination à publier les « crottes » quotidiennes d’un obscur diariste qui ne se serait fait connaître par aucun autre genre ou dont la réputation médiatique ne serait pas faite. Aucune chance de voie traditionnelle pour un Journal littéraire de Paul Léautaud sans production préalable d’un Petit Ami ou sans avoir la notoriété d’un Maurice Boissard.
C’était sans compter avec le progrès numérique qui, dans sa masse expansive, peut accueillir le diariste pamphlétaire « non retenu pour des raisons de politique éditoriale » par le circuit papier.

13 mars
Les mœurs politiques, en surexposition médiatique, prennent un tour ridicule. Ce petit jeu de qui empuantira davantage l’autre n’a pas grand-chose à voir avec la mission confiée par les électeurs. Tous ces eurosceptiques devraient s’interroger sur ceux qui présentent le plus de dignité et de sérieux en ce moment : nos politiques nationaux en prise avec des batailles judiciaro-politiciennes ou les technocrates européens inconnus du grand public, non scrutés pas les médias nationaux, mais non pollués par les affaires et la façon de les gérer. Ne faudrait-il pas dépeopoliser la politique hexagonale pour revenir à des gestionnaires pur jus qui ne fassent pas leur carrière sur le dos d’une France en régression ? Vœu pieu évidemment, sauf à supprimer la fonction de président de la République et à revenir à un régime d’assemblée avec le risque d’instabilité concomitant.

23 mars
Voilà quelques semaines que je suis plongé dans les dédales institutionnels de la Cinquième République et des institutions européennes pour que soient armés les candidats au concours Lieutenant de SPP. Le midi, je vais plier en quatre, sans rire, mon bulletin local pour qu’il tienne dans sa petite enveloppe bleu-gris. Bientôt, les citoyens européens renouvelleront le Parlement aux pouvoirs renforcés… Un contexte personnel, national et européen qui ne pouvait qu’influencer mes cogitations. Deux modèles politiques évoluent et s’écartent l’un de l’autre. Côté faune hexagonale, outrance et simplisme d’une surexposition médiatique. Une symbiose délétère : nourriture des uns jusqu’à racler les pires fonds lorsque l’obligation de remplir l’info en continu se dresse ; dopant du comportement des autres qui jaugent l’importance de leur carrière d’abord à l’aune de la résonance médiatique. Face au déferlement verbal du personnel politique national, le corps électoral oscillerait entre la posture du spectateur sidéré et le rejet blasé. La pomme véreuse du système provient, peut-être, du cumul des révisions constitutionnelles érigeant la présidence à une centralité dangereuse pour une gouvernance sereine. Personnalisation à outrance pour des actions qui ne peuvent plus prendre sens en elles-mêmes, mais sont forcément scrutés via les ténors aux manettes, et notamment le premier d’entre les actifs à l’avant-scène. Que de « temps de cerveau » monopolisé dans ce ballet entre l’opposition et la majorité pour des stratégies qui n’ont aucun lien avec la conduite des affaires du pays. Quand des institutions conduisent à cela, c’est qu’il faut en changer l’orientation.
A l’opposé, les institutions européennes monopolisent peu les organes d’information et la nécessaire voie collective des décisions et projets menés à bien empêche toute incarnation excessive. Cet entrelacs de pouvoirs et contrepouvoirs fait dire aux eurosceptiques que le technocratisme a gangréné le fonctionnement de l’UE. De cette complexité devrait naître le sens de l’intérêt général européen, mais le parasitage national en vingt-huit tranches finit par rendre la recette indigeste.
D’un côté le fracas des affaires nationales que l’on ingurgite et régurgite à satiété avec les grosses caisses réactives qui suivent chaque révélation et chaque faux pas. De l’autre la complexité décisionnelle réalisée par des institutions peu exposées car ne suscitant pas l’attraction. Ces deux modèles antagonistes n’obtiennent aucun enthousiasme des électeurs.

30 mars
Une adolescence en rupture, mais sans chambard ni esclandre. Réfractaire, en retrait de tout, sauf des mots, pour mieux goûter l’expression de quelques esprits en marge.
La prose d’Artaud vous happe sans concession : cataclysme intérieur en résonance avec l’impossible élan vers les autres. Cette obscène quotidienneté qui lamine les aspirations et atrophie toute volonté : Artaud l’avait évincée pour mieux scruter ses carences et faire frissonner ses imperfections hallucinées.
Sans attendre se jauger, extraire les boyaux de la pomme quitte à vraiment se couper du reste de la laide ville nouvelle. Aucune conciliation permise : chaque ver, toute phrase percera les décompositions par vagues de suffocation.

Dans l’urne le citoyen, en gerbes les rogatons… après avoir goûté à l’isoloir : le boutoir fouissant l’enveloppe gris-bleu pour une liste que je ne peux même pas plier en quatre. Rien à gagner : « a voté ! »
Je regagne les limbes artaudiennes pour une palette irisante. Portraiturer au vent goguenard ; virevolter pour sentir les herbes folles sous ce ciel écumant ; en vase pour qu’éclosent les niches colorées ; le trait torturé contracte sa moisson au tracé lumineux ; une pesanteur supplicie bicoques et masures engourdies au milieu d’une nature perdue. Aux vers oiseux s’incline la farce couchée, hideuse dépendance à l’indicible, l’innommable abscons…
Reste à paraître en courbes dorées pour suivre l’ascendant minéral : s’écorcher sans troubler ce ciel à la pâleur entêtante.
Je m’accroche à ses toiles, j’étoile mes anicroches pour un regard verdoyant, l’humanité éperdue, l’oreille cachée, la vie tranchée…

Dimanche d’avril
Après la raclée aux municipales, le rejet d’une UE perçue comme un fardeau et non un bouclier.
Pour ma part, les années passent et l’isolement s’accentue. Les quelques contacts qui se succèdent n’échafaudent rien de solide : même plus un leurre pour une vie de remplissages aléatoires. Une nature se laissant vivre au gré des occasions attrapées au vol et sans grande conviction. Mes semblants de conviction se délitent.

Texte « Désunis dans l’adversité »

L’UE n’est pour rien dans notre surendettement, et la capacité de certains à accuser l’Europe de contraintes qu’on a soi-même entérinées, tutoie la schizophrénie.
A cet instant, l’horizon d’un printemps vigoureux où les feuillus et les résineux rivalisent d’élancements. Comme une leçon pour grandir solidement : s’ancrer dans les profondeurs locales pour élargir son panorama.

9 avril, 23h
Eu rapidement Alice au tél à propos de sa visite au château d’Au. Elle doit me rappeler pour me donner plus de détails, mais d’ores et déjà quelques éléments communiqués. La veuve semble déterminée dans son délire de maintenir une forme de vie en total décalage avec le monde actuel. Son emprise sur la vieille maîtresse apparaît en clair : Alice aurait perçu de la détresse dans le regard de Monique. Un intérieur surencombré d’objets et de mobiliers rendant difficile le déplacement. La veuve hargneuse, grandes cuissardes claires, s’est comportée avec une exubérance déplacée.

Dominique Baudis est décédé ce matin.

17 avril
Comme un signe : Cohn-Bendit, l’un des plus fervents défenseurs de la construction européenne, prendra sa retraite politique en juin prochain, à l’expiration de son mandat de député. Le prochain visage du Parlement de l’UE risque de ne pas avoir cette optique constructive.
Ce matin : un économiste prône sur France Inter la sortie de l’euro. De plus en plus de voix veulent désagréger le système, voire le mettre à bas. Dans son pire scénario, il envisage froidement que l’Etat français puisse s’asseoir sur plusieurs centaines de milliards d’euros de dette provoquant ainsi l’effondrement du système bancaire… et une nationalisation de tout le secteur.
D’un réalisme affligeant qui, une fois le chaos atteint, trouvera toujours une porte de sortie pour ne pas assumer la dérive barbare et dictatoriale de ce prétendu remède. Un missi dominici de Mélenchon, sans doute.
A entendre Valls sur France 2 hier, mauvaise impression : une mécanique expressive figée, une raideur artificielle pour faire passer les mesures prises afin d’atteindre cinquante milliards d’économie. Ne tiendra pas le choc… s’enfermera dans une posture simplifiée… A force d’être consacré grand « communiquant », il va en oublier le naturel et son attitude ne ressemblera plus qu’à un vaste plan de com maintenu vaille que vaille pendant que l’effondrement du pays se poursuivra. Feu de paille… Ah ça Vallsera, ça Vallsera, ça Vallsera !

23 avril
Le rythme doit accélérer les trois premiers jours de la semaine prochaine avant de filer à Paris le 1er mai au soir.
Ce matin, deux heures de géopolitique semi improvisée pour une étudiante en troisième année d’école de commerce. L’Afrique, continent des conflits persistants avec à peu près toujours le même processus : une structure étatique en déliquescence, l’émergence d’organisations à l’idéologie mortifère, la lutte engagée pour la captation des attributs du pouvoir et des richesses attenantes. Les masses vivotantes, voire en situation de survie aléatoire, subissent, croupissent et périssent.
Sous nos contrées, préservées du chaos sanglant, certains font de leur confort de vie une nuisance permanente, braillant pour mieux déranger l’alentour. Ainsi à l’instant, sur la partie supérieure des berges, du lourdingue en couches.
Dix ans de crise aiguë : le pouvoir en place les atteindra sans que l’on sente de réelle reprise pour le pays. Végéter en ruminant ses défiances, en laissant éclater sporadiquement ses haines, voilà l’air du temps, où la fabuleuse technologie sert avant tout le ludique, où la surinformation exacerbe les délires complotistes. Je vais mettre à profit mes temps de déplacement en transport pour poursuivre La démocratie des crédules qui s’attarde sur les travers d’une transparence dévoyée.
Quel biais adopter pour laisser un témoignage potable entre ironie décapante, ressenti exacerbé et brio culturel. Un Graal littéraire qui m’occupera outre-tombe. En attendant, la petite pincée de branleurs qui surplombent le décor se fait toujours sentir : un âge largement dépassé pour ce genre de branlotage verbal, ce qui ne les freine visiblement pas. Augmenter le son dans les écouteurs et plus rien n’y paraît : les connards s’évanouissent du champ de conscience.

7 mai
Grosse déconvenue en imprimant les bulletins de salaire établis par Exude et Anax au nom des parents-employeurs : tout comme le CDRS, le taux horaire en salaire est totalement dérisoire et complété par des « indemnités » diverses : de transport, pédagogiques, de frais… tout ce qui permet au payeur d’échapper aux charges sociales et à ces organismes de continuer à faire leur gras malgré la suppression d’une partie des avantages fiscaux pour ce type d’emploi. Nous tutoyons l’escroquerie ou la tromperie dans ce système et, par ailleurs, le travail fourni ne mérite pas plus, selon ces structures, que le taux horaire smicard… Honteux !

Le 10 mai                                                  
Au point mort, mon existence professionnelle. Après le vide sidéral de Paroles de fête (je viens d’envoyer le formulaire signé pour ma radiation comme auto-entrepreneur) je découvre, effondré et furieux, l’entourloupe des organismes Exude et Anax fournisseurs d’employeurs. Le taux horaire de rémunération annoncé pour chaque cours proposé ne correspond pas, pour une bonne part (47% chez Exude) à du salaire. Les indemnités de transport, pédagogiques… viennent gonfler outrageusement le paiement effectif et fait ainsi échapper à la zone des charges sociales une bonne part de cette rémunération, me privant ainsi du même coup d’un rechargement digne de ma couverture sociale, notamment celle du chômage. Je descends donc à un taux horaire proche du Smic pour enseigner à des préparations au bac ou à des étudiants dans le supérieur. Une vraie arnaque dont évidemment ces organismes bénéficient pour élargir leur marge et dont ils nient toute responsabilité dans leur contrat d’adhésion. C’est une déconsidération de la main d’œuvre pédagogique qui met en rogne et hypothèque pour moi d’en faire une activité dominante. Il me faudra contacter les services fiscaux pour savoir si cette astuce financière ne risque pas en plus de se retourner un jour contre moi.
Là, on est très loin de la fonction publique hyper protégée, des grands groupes sur lesquels on peut se défouler. Ici, c’est une obscure zone économique que la plupart utilise comme une activité complémentaire, voire accessoire, et qui ne donne lieu à aucun frémissement de dénonciation…
Lorsque j’ai débuté cette activité en 1998, les avantages fiscaux accordés pour le travail à domicile incitaient ces organismes à gonfler le brut salarial et à faire facturer par l’intervenant à l’organisme médiateur sa part. Changement d’optique fiscale : seul le salarié isolé doit trinquer. On réduit au minimum ce qu’il touche en salaire et on crée l’opacité complète sur ce que les parents doivent débourser pour payer, en plus, l’organisme qui se défile devant toute responsabilité dans ce minable système. Cela donne vraiment envie de foutre un gros coup de panard dans ces abuseurs. A moins d’être attiré par la pente suicidaire, je ne peux en être le fer de lance… mais un jour viendra peut-être, si ma situation se stabilise.

Lors de l’entrevue avec Alice, occasion de lire les salauderies écrites de la vieille Sally, celle que je regrette d’avoir appelé « maman » dans un flot affectif immérité. Elle tremble surtout qu’on dévoile sa totale implication dans le système sectaire entretenu par Heïm le maudit. La vieille radasse ose imaginer que je retrouve suspectement la mémoire pour la simple et unique raison d’un dépit d’auteur prétendu non publié… Honte infâme d’écrire cela, ce qui décrédibilise ad vitam aeternam sa générosité humaine d’affichage. Jamais, à aucun instant de mon existence, je n’ai oublié ce fait précis d’abus sexuel par autorité (ce que la loi qualifie d’ailleurs de viol) commis par le maudit en cendre. Heïm le manipulateur avait évidemment su légitimer son crime et me faire promettre d’être « une tombe », expression choisie par lui pour éviter tout risque de fuite… non pas vers le lot des « mamans » complices, mais vers mes vrais parents, ceux qu’il s’évertuait à rabaisser jour après jour dans mon esprit.
Que la vieille Sally, qui n’a jamais su écouter lors de nos entrevues, lesquelles ne servaient pour elle que de plateforme pour se raconter en long, en large, en travers sur ses merveilleuses aventures relationnelles (plan pro bien sûr…), puisse aujourd’hui ne pas reconnaître que ceux qu’elle prétendait aimer comme « ses enfants » aient été les victimes sexuelles de Heïm, révèle l’infection de son âme et soulève un très profond dégoût.
Heïm le prédateur avait su compartimenter ses multiples manipulations parallèles, au point qu’il fallut les révélations d’Alice (la plus courageuse d’entre nous, clamons-le) pour que je prenne conscience que je n’étais pas un cas isolé, unique, mais qu’au contraire j’avais peut-être été l’un des moins atteints par l’appétit maladif de Heïm le pédocriminel : Béatrice M., Alice B., Aude R., Hubert B. Voilà ceux qui, à ce jour, pourraient témoigner de ce qu’ils ont subi ou accepté comme enfant sous l’emprise de l’ogre sexuel Heïm. Hermione M. et Karl C. restent, parmi ceux du premier cercle, les deux qui n’ont encore rien dit de leur vérité… J’ai la mienne et je peux aisément deviner quelle est la leur : moi, mineur, je n’ai vécu que trois ans et demi dans la quotidienneté de Heïm et non dix-huit… Mais le confesseront-ils un jour ?
Etablir la vérité de ce sinistre personnage. Ainsi à propos de son prétendu courage physique : quand s’est-il vraiment battu contre une puissance physique équivalente à celle qu’il affichait, alors qu’il incitait ses proches masculins à aller castagner ? Mon père me révèle que Heïm, dans les années d’adulte en pleine possession de ses moyens, trouvait toujours une bonne raison pour se faire porter pâle le jour de l’expédition punitive ou du commando plus ou moins improvisé. Révélateur. Il faudrait aller gratter ses archives cachées, si elles existent encore, pour découvrir sa réalité et prendre conscience des montages tous azimuts qui feraient ressembler son parcours à une esbroufe panoramique.
Mon article « Tribune libre pour Micberth en liberté » a été publié de son vivant sans qu’il n’ose porter plainte pour diffamation alors que je l’accuse à la fin de « grooming ». En 2009, c'était la seule attaque écrite et publiée sur ses méfaits sexuels. Il l’a entérinée, sachant très bien qu’il ne fallait pas remuer davantage cette vase intime sous peine d’agréger d’autres témoignages encore plus terribles…
Cette officialisation de ma rupture spirituelle, je dirais même existentielle, de son vivant, à une importance cardinale pour moi : l’écriture m’a enfin servi à le contrer et non à servir ses intérêts.
Se remémorer la centralité de sa parole sacralisée éclaire le processus manipulatoire sur des caractères en profonde dissension avec la société.

Le 11 mai
C’est parfois lorsqu’on se sent à mille lieues d’une menace que celle-ci déboule sans crier gare. Encore que Poutine joue les boutefeux depuis quelques semaines. Le gigantisme à la soviétique de son défilé militaire, avant-hier, devrait nous alarmer un peu, nous qui ne pouvons même plus, via l’OTAN, aligner assez de troupes pour rappeler au dirigeant russe qu’il ne peut pas faire ce qu’il veut.
Reste la dissuasion nucléaire franco-anglaise, mais avant qu’un tel cataclysme belliqueux ne nous décide à l’employer, Poutine a une marge d’action considérable pour modeler sa grande Russie.
Quelle particulière ambiance dans cette vieille Europe sujette à la montée des nationalismes de tous poils. Un peu plus de dégradation économique et notre siècle n’aura rien de supérieur (au sens civilisationnel) au sanglant précédent. L’engrenage mortifère n’est évidemment pas encore d’actualité, mais cessons la naïveté à l’image de celle qui avait conduit à croire à la notion de « der des ders »…

Mes préoccupations micro-économiques sont très loin de ces enjeux géopolitiques, mais être au moins conscient relève du devoir citoyen. L’arriération nationaliste fait ses basses œuvres… en Ukraine, en Russie, et ailleurs.

16 mai
Ghost Stories dans les oreilles, le regard tourné vers la roseraie du parc Tête d’Or : je tutoie la plénitude… Le vent agite les vertes compositions d’une nature en croissance, mes pensées s’effritent et tentent l’instantané :
Voix ectoplasmique pour annoncer la rythmique enveloppante : une résonance mystique, une retenue prometteuse. Magie sonore qui exalte les sens. L’envolée dynamite l’engoncé, laissant perler les aspirations.
Un ton plus hispanique pour colorer l’air suivant…
Une langueur guimauve qui finit avec des notes dissonantes de guitare…
Puis le Midnight, psychédéliques sonorités, notes fantomatiques pour une végétalisation finale où chaque membre du groupe a pris racine avant qu’une vocalise féminine singularise le morceau suivant.

 17 mai
Impression d’être au fond du trou. Le vivotage tient encore par la protection sociale dont je bénéficie encore, mais l’isolement s’accentue et les cours particuliers que j’assume s’avèrent être une vraie exploitation professionnelle.
Ce matin, un total de deux heures de trajet pour deux heures de pédagogique payées à neuf euros de l’heure, le reste étant considéré comme du remboursement de frais dont je n’ai pas le début des justificatifs.
Une descente aux enfers s’amorce après les illusions artistiques. L’envie de rien, aucun relationnel. Tout est envoyé aux oubliettes. Vue l’absence d’écho à quoi que je fasse, je ne vais pas m’encombrer la vie en retour. Une vie qui ne ressemble d’ailleurs plus à rien, dont je laisse filer le temps imparti.
Je ne suis décidément pas construit pour cette existence, pour cette humanité qui me pèse. Faut-il que je sombre, que je disjoncte via un massacre quelconque pour me raccrocher à quelque semblant de…
Un suicide numérique serait le premier pas : détruire tous mes profils, l’ensemble des blogs, ne plus rien laisser émerger ? Foutre en l’air le si peu de visibilité maintenue pour une illusion de plus. Le nihilisme me va mieux ; le pire m’échoit.
A bientôt quarante-cinq piges je n’ai pas une seule amitié vraiment suivie, pas un relationnel réel ; tout n’est qu’identité maintenue sur des profils sans rapport réel. La grande perdition : voilà ma seule performance. N’ayant aucune descendance, je pourrai vraiment embrasser le néant, lequel est déjà intérieur : plus rien ne me vient pour dépasser les grattements de plaies, l’entretien des amertumes.

Le soir venu, je rejoignais l’une des deux piles de la passerelle. Plus la moindre idée du facteur ayant favorisé la naissance du prédateur. Traquer au rythme mortifère des déjantements, l’un faisant du précédent une piquette sans intérêt.
Des berges au parc, univers rétréci qui me va bien. Fini de croire ce que je ne suis pas : texture banale qui se laisse vivre, impression d’être privé de l’inatteignable. La session des lamentations s’aiguise et il faut une présence féminine sur le même banc pour qu’un semblant d’élan s’érige… Encore du trompe l’œil, un pipeau recommencé… Et le passage de deux occiputs rasés avive mes restes de barbarie. Les accrocher à la carotide pour les vider de leur jus nauséabond… Ne surtout jamais les recroiser sur ma route pédagogique : j’y laisserais quelques viscères, les siennes et/ou les miennes selon la tournure de la furie provoquée.
Comme des points d’ancrage idéologique. Pour tenter l’inspiration se raccrocher aux bribes de sa peau, depuis ses pieds joliment classiques jusqu’aux épaules à effleurer pour le trouble entretenu. Un visage, non point d’une beauté stupéfiante, mais où l’ordinaire est transcendé par une intention sensuelle, des lèvres épaisses, un grain de peau clair et délicat, une potentialité charnelle à supposer. Qu’il faudrait masser chacun de ses doigts de pied pour partager avec elle ce trouble. Poser ses lèvres affamées sur chaque parcelle dénudée, démultiplier ainsi ses petits mouvements quémandeurs. Comme un instantané des sens… inavouable bien sûr.

18 mai
L’estival ce dimanche, mais je reste sur la berge. A 14 heures, le parc reste calme et une brise presque fraiche rappelle l’époque printanière aux chairs ensoleillées… Chacun à son univers, espérant trouver quelque complicité. Dans le coin le plus feuillu du parc pour laisser passer cette journée d’isolement volontaire et forcé. Trouver le filon pour défouler mes expressions stériles. Croire à sa bonne étoile ? C’est bien de l’astronomie à deux balles pour esprit féru d’ordonnancement divin. Décidément, rien ne sortira de cette plume digne d’une quelconque survivance. Pas fait pour raconter, juste un chaos perceptif. Qu’en tirer littérairement. Une blédine infâme pour immature qui se leurre.
Il était une foi en rien qui dérivait au long de ce que l’existence lui accordait. Un radeau givré qui engrosse ses charognes, une inconscience qui laisse dépérir un enthousiasme moribond. Sous l’ombre des feuillus, j’égrène mes manquements. L’aube n’efface pas l’infecte inadaptation : handicap moral qui trépigne et s’abîme en vase… La rectitude se désagrège, en proie aux flétrissures.
Petit tour sur l’île du Souvenir au milieu du lac Tête d’Or où trône le monumental hommage aux sacrifiés de la Grande Guerre et prioritairement aux dix mille Lyonnais qui y ont laissé leur peau. Jamais occasion et curiosité conjuguées ne m’y avaient conduit. Après quinze ans de présence dans cette ville chérie, je comble cette carence.

20 mai, 23h38
Campagne européenne : les plus bruyants, les plus présents sont les adversaires de cette construction et de son symbole à leurs yeux dissonant et faisant trébucher la France. Dans un débat récent (Mots croisés, Calvi), l’un des frontistes, Louis Alliot, s’est trouvé bien embarrassé pour répondre à l’affirmation soumise d’une perte de pouvoir d’achat de vingt à trente pour cent pour les Français si un retour au franc était suicidairement imposé… et pourquoi pas à l’écu de nos ancêtres ! Ces réacs nationalistes sont aussi ridicules dans leur conception étroite que les adeptes d’un retour en arrière sur le plan technique. Mais à force de brandir les peurs, dans un contexte désespérant, le FN risque de trouver des voix déterminantes pour son poids hexagonal.
Ce soir, vu Michel Field dans C à vous, par hasard, et je suis resté scotché à mon écran : petite nostalgie de voir ce journaliste aguerri évoquant ses débuts déjantés avec la bande Dechavanne et Carmouze. Emission qui m’évadait du carcan châtelain dans lequel je me complaisais. Gâchis d’existences en pagaille : Heïm le maudit aura siphonné notre vitalité pour nous laisser bancals et méfiants les uns des autres. Une réussite perverse exemplaire… Même crevé, il parasite encore nombre d’existences.

28 mai
Aujourd’hui, une heure de cours particulier ! Byzance ! Heureusement c’est pour une adorable Géorgienne en classe de première. Analyse virevoltante, pour elle, d’un extrait de Planétarium de Sarraute et de Gosbeck de Balzac.
La Bassine Le Pen s’enfle de son succès et cultive le grotesque achevé en dénonçant rien de moins que le « totalitarisme » de l’UE. Les autorités de la Commission tyrannique aurait dû la prendre au mot et, plutôt que de lui verser quelques millions d’euros pour que son groupe nationaliste-social débite ses insanités, faire immédiatement édifier un goulag à la périphérie de Bruxelles pour y jeter les cent quarante députés du même acabit que la teigne blondasse.
Il faut convenir que face à ses délires paranos, la classe politique censée défendre l’UE se montre particulièrement tiède, voire ennuyée… Comment assumer sa pleine et entière responsabilité en ces temps de crise aiguë ? Tellement plus simple de cogner sur les institutions européennes en oubliant de préciser que deux sur quatre des plus importantes – Conseil européen et Conseil de l’Union européenne – ne sont constituées que de l’addition de personnalités assumant des responsabilités nationales… un peu facile, donc, d’accuser la Commission à tout va. Le Parlement, quant à lui, a sa propre et directe légitimité.

Isolement croissant et je n’en éprouve aucune gêne…

Samedi 31 mai
Ce matin, une vraie action de quelques copropriétaires pour notre bien commun. Après trois ans du ravalement des parties communes intérieures, l’action chirurgicale de couvrir les chocs cumulés sur les murs suivie d’un nettoyage improvisé du jardinet, du local à vélos et du matériel d’entretien de la dame de ménage.
Curieuse ambiance nationale : la population vit, et plutôt paisiblement, en tout cas donne cette impression, cela pouvant être interprété comme de la résignation tant le tableau médiatique dépeint du contexte socio-économique s’avère cataclysmique.
Si le pape François crée le quasi consensus par sa bonhomie modeste, la simplicité de ses interventions, la disponibilité dans démagogie, le président François cumule les travers qui font ressembler sa cote de popularité aux abysses de la défiance. A trop se soucier de la résonance médiatique tout en laissant supposer que les ondes négatives n’entame en rien son optimisme, il éloigne les sombres réalités par une calamiteuse improvisation le plus souvent en décalage avec ce qu’attendrait la population désabusée. Inextricable naufrage politique, à moins du fameux retournement conjoncturel qui ressemble de plus en plus au fantasme claironné du chef de l’exécutif.
Face à cette vacance d’un pouvoir trop rassurant, dynamitage de l’opposition traditionnelle. L’Usure d’une Mélasse en Perdition (dite UMP) ne peut, en l’état de désagrégation avancée, assumer aucune alternance au sommet du pouvoir. L’acrostweet que j’avais imaginé pour Copé sonne d’autant plus juste depuis l’annonce de son départ : Cette Occupation Politique Empoisonne. Le voilà terrassé par l’arsenic politique. Le Bygmalion des copains vient de l’avaler tout carbonisé… Pas sûr que la troïka de Premiers ministres sur le retour redonne un nouveau souffle au Mouvement pétrifié.
Dans cette faille, le Front bichonne sa Marine et le bleu nationaliste envahit le paysage au risque de ne nous offrir que les grandes profondeurs.

5 juin, 23h46
Demain, dans quelques minutes, les commémorations du Débarquement en Normandie vieux de soixante-dix ans de paix dans les pays d’Europe institutionnellement liés.
Côté rayonnement, la France n’a plus aujourd’hui que les vestiges d’actions glorieuses sur son territoire pour tenter de préserver quelque illusoire influence.
Un vide m’envahit. Le vivotage atrophie toute intention créatrice. Le néant s’impose.

6 juin… 5h30
La Libération, voilà un souffle que l’on ne connaît plus, sauf à s’inventer des totalitarismes comme le fait l’inapte Bassine Le Pen qui n’a rien intégré du concept.
L’embrigadement intérieur, lui, croît : ainsi L’Express qui censure un de mes commentaires sur la Frontiste en chef lui trouvant une résonance ordurière là où je ne fais que souligner son indigence intellectuelle.

10 juin, 23h12
Il y a soixante-dix ans, à cette heure, finissait de se consumer habitants et demeures d’Oradour la suppliciée. Un web doc fait revivre les instants effroyables de l’anéantissement programmé par la division infâme, innommable, via le survol par un drone des ruines du village. Ces monceaux de corps calcinés, les flammes dans tous les recoins : cela a dû enchanter les criminels militarisés, comme un avant-goût du néant qui attendait leur Reich. Représailles éperdues de troupes pressentant la fin, un baroud du déshonneur absolu, comme une cohorte de la barbarie disciplinée, froide, méthodique, calibrée… L’organigramme détaillé dans lequel s’inscrit Das Reich édifie sur le processus d’incitation au pire entretenu par la hiérarchie.

15 juin
L’envahissement du Mondial de la baballe a un effet salutaire : vider le parc Tête d’Or de ses hordes promeneuses qui défigurent l’esthétisme naturel. Que tous ces supporters de l’inutile éructent at home leur mousse à chaque action mal digérée de l’adversaire forcément détestable. La convivialité footballistique agrège les braillards et les traînards pour d’éprouvants échanges aux confins de la vacuité tout juste humaine.
Implacablement décalé dans cette humanité aux rituels et aux schémas bien fixés, je déroge en tout, n’adoptant aucun des modèles requis et me coupant de fait du reste, le sentiment oxymorique entretenu.
Cultiver son imperméabilité aux enthousiasmes massifiés me préserve de dégoûts plus prononcés encore. Précarité professionnelle, néant relationnel, pas de permis de conduire, peu porté vers le collectif, avare en contact familial : tout cela va à l’inverse des choix habituels…
Comment ? Vous n’avez pas le permis ? Mais vous n’êtes pas libre alors ! Mais si voyons ! Ducon, Duconne ! je suis libre d’avoir choisi de ne pas le passer ! Chacun doit adapter son existence aux choix faits…

20 juin
Le rendez-vous avec Pôle emploi m’éclaire sur la réalité de mes droits si je les cumule avec des heures travaillées : quinze mois maxi et j’en serai à dix avec juin. Incitation à jongler pour parvenir aux plus de six cents heures à cumuler pour pouvoir prétendre à un réexamen de la protection.
A l’occasion de la préparation d’étudiants au bac de français, je redécouvre, via quelques extraits, des chefs-d’œuvre de la littérature française. L’analyse pour mettre en exergue la stratégie et l’esthétisme de chacun galvanise le cérébral comme jamais : les notes prises en amont ne me servent quasiment pas, préférant improviser l’approche multiforme.

Tenter un début de narration, sans rien savoir du global et de la finalité.
Sinistré. Au parc public, je goûte l’air, avec déjà en germe l’insatisfaction d’attentes inconciliables. Radieuse journée. Pas plus d’entrain pour sombrer dans la perdition assumée que pour un redressement personnel. Vivotage. L’angle mort recèle l’infinité des inaccomplissements. Passantes sans arrêt.
Les années filent sans qu’un projet d’existence m’anime. Occuper l’espace-temps : faire alterner blasements et répits… jusqu’à ce que le néant emporte les rogatons. Pétrification finale.

21 juin
Touffeur du premier jour de l’été 14… Voilà vingt ans que Ionesco ne conte plus… mais sa Cantatrice chauve agace encore. Une séance poussive à tenter d’éclairer un extrait chez Amandine F., une aspirante au bac… Difficile de la faire adhérer à ce type d’écriture et de propos tellement hors norme, moi-même n’ayant jamais été en extase devant cette exacerbation de l’absurde. Les révélations de la bonne détective relativisent toute apparence présentée comme la réalité, un peu comme Jean-Claude Romand a dupé son cercle intime et amical sur trente ans de sa vie.
Ayant réduit ce cercle au strict minimum, je n’ai rien à échafauder. Remplir ce qui se présente sans chercher la quintessence clinquante, l’esbroufe de la transcendance affichée. Le réalisme de l’isolement perpétué pour une plus douce transition vers le néant.
Trombe de soleil inondant les parcelles à découvert. A nu chaque excroissance artificielle. Paraître toujours plus en décalage au point de se perdre. Sans issue, je suis la rigole d’une voie sinistrée. Ravage des temps mal vécus à force de leurres entretenus.

22 juin
Ce monde m’emmerde de plus en plus… L’isolement absolu me conviendrait mieux. Plus rien à foutre de rien. La perdition est en marche. A défaut de suicide, une lente autodestruction fera l’affaire.
Faire taire les klaxons des braillards heureux de leur baballe victorieuse. A gerber. Cette façon d’imposer son exultation primaire… les vautrements.
Foutre ! on a compris que les Algériens savent pousser la baballe… Cela mérite bien d’emmerder ceux qui n’en ont rien à branler en klaxonnant et en hurlant jusqu’à minuit. Vivement que ce pays soit éliminé… Pourquoi faut-il qu’ils se sentent toujours obligés d’en rajouter des tonnes, sans aucun sens de la mesure, du relatif ?Peut-être parce qu’ils n’auront pas l’occasion de fêter une autre victoire après celle-ci. Quel exploit ! Contre la Corée du Sud ! Pignoufs !

29 juin
Lyon s’étire après une nuit tempétueuse. Nulle grogne, la trogne de travers, je me laisse venir près des objets familiers : de Gaulle, dans son coffret, s’érige comme dignité.
Le désintérêt enfle.
Ciel du parc menaçant, mais façon d’aérer le cerveau inutile. Rien ne germe, plus d’envie d’aucune sorte, un dessèchement de l’âme qui m’éloigne de plus en plus de cette humanité. L’indifférence à tout projet professionnel tient à cette allergie au plus gros de mes congénères. Cette grisaille associée aux différents sports diffusés sur écran permet de préserver l’espace du parc, mais les gouttes s’invitent et ça, mon manuscrit ne va pas apprécier.
Longer la complicité sans jamais l’atteindre : essence de mon inadaptation.
Renouer avec la singularité du ton et se risquer à la transparence. Ainsi mon animosité croissante contre les occiputs rasés et parmi eux tous ceux qui polluent l’espace et dégradent les biens des autres et de la collectivité.

Mardi 15 juillet
Me revoilà parti pour une lancée incertaine. Les jours qui défilent pèsent de plus en plus et je ne sens plus rien me mobiliser. L’antichambre du néant : le lot d’un caractère en rupture sociale.
Le pro rejoint le comportemental. Je n’espère plus rien de l’existence. Voie asséchée que j’endurerai jusqu’à la lie.
Des éducateurs spécialisés passent à l’instant devant mon banc, chacun en charge d’un déficient mental. Eux ont la foi, eux savent cultiver la part enthousiaste. Le rejet de tout doit se ressentir chez moi, ce qui amplifie l’isolement que je ne cherche en rien à contrer. Le désagrément infecte chacun de mes semblants de vie.
Il faut bien l’avouer : la mort de Heïm m’a privé d’un ressort scriptural cultivant la rupture explicitée. Réduit en cendre, il n’offre plus d’intérêt pour ces pages qui, elles-mêmes perdent de leur substance.
Le conflit israélo-palestinien se revigore, depuis quelques jours, et sème ses trainées haineuses dans l’hexagone. Le simplisme dangereux nourrit l’argumentation de chaque camp en attendant le prochain cessez-le-feu. Ces recommencements n’incitent qu’à se retirer du monde immature. L’âge de pierre gouverne encore beaucoup les esprits.
Après l’exposition aux rayons de l’astre, refuge sous les masses feuillues pour tenter quelques acrostweets philosophiques.

Samedi 2 août, depuis Le Cellier
Petit point sur les évolutions familiales.
Séjour à Fontès : maman épanouie dans sa vie, poursuivant ses peintures en équilibre maitrisé avec son compagnon Robert, tout semble se dérouler au mieux pour apprécier les saveurs d’une retraite active. Malgré de rares poussées d’extrémisme basique (il se contient), je ressens un peu mieux la présence de ce deuxième homme post-Jean. Les marques se prennent progressivement et je me surprends à quelques traces de complicité.
Un ressenti bien moins réjouissant : l’absorption intégrale de Jim et Aurélia par leur mission parentale. Tout apparaît dramatisé dans la gestion des deux enfants, et l’obsession de bien faire hypothèque l’objectif dans des tergiversations raisonneuses.
Ainsi, à force de vouloir tout justifier vis-à-vis de Nalya, la liquéfaction de l’autorité parentale tutoie le non-sens éducatif. Cela ne remet nullement en cause les adorables côtés de Domentin et de sa grande sœur. Je n’ai évidemment aucune légitimité à donner quelque leçon que ce soit dans ce domaine exclu de mon cadre de vie, mais cela ne doit pas empêcher l’affection de rester lucide.
Court passage dans les Landes, à Mimizan, pour voir pôpa et sa petite famille en vacances. Raph, jeune bachelier d’1m93 s’est inscrit en IUT à Paris V dans une filière liée au management et à la gestion en phase avec un caractère solidement ancré dans le réel. Au contraire, Alex perpétue l’incertitude existentielle via sa sensibilité artistique (en l’occurrence le dessin). Son rapport avec le père a paru quelque peu tendu. En revanche, aucun signe de problème psychologique chez pôpa, contrairement à ce qu’avaient perçu Jim et Aurélia se fondant sur ce qu’il leur avait déclaré quelques semaines plus tôt.
Sans doute n’a-t-il pas voulu plomber notre très brève visite.
Arrivée hier au Cellier : les années se font sentir comme jamais chez les parents de BB. Les filles de Louise et Richard grandissent comme il se doit. La petite Zoï prend son autonomie de petite fille vive et loquace ; Ilya s’affirme, en route vers le statut de jeune fille.
A suivre…

Dimanche 3 août
Projet d’attestation :
Pendant presque dix ans, j’ai pu observer comme formateur salarié en CDI, auquel s’est ajoutée la fonction de coordinateur administratif à partir de 2011, le rôle de Bruce Goret, officiellement directeur administratif et financier.
En dix années, j’ai dû croiser le gérant en titre moins d’une dizaine de fois (si l’on met à part les audiences du tribunal de commerce pour Cqfd auxquelles je devais assister comme représentant des salariés où le représentant légal était présent, contrairement à Goret.
La gestion quotidienne de Cqfd, tout comme les grandes orientations stratégiques, révélaient l’ascendant incontestable de Goret sur Micheline Mochand pourtant flanquée d’une fonction officielle supérieure, « directrice » sous-entendue générale – au point que les engueulades qu’elle se prenait sporadiquement par Goret, ou la façon dont il la traitait en public, la réduisait au simple rôle de supplétive signataire au gré des desideratas de son officiel directeur administratif et financier.
Lors de tous les processus décisionnels auxquels j’ai pu assister, jamais le gérant n’est apparu : il n’existait que par sa présence scripturale sur les documents officiels les plus juridiquement importants.
Ayant moi-même été gérant de société à 21 ans et ayant dû mener à terme une liquidation au bout de trois années d’exercice, j’ai compris, lors d’échanges informels, que Goret avait vécu ce genre de situation avec des conséquences relativement importantes pour lui. De là à en déduire que sa mise en retrait officielle de Cqfd qu’il dirigeait effectivement de bout en bout (la facturation, le choix des embauches et des ruptures, les orientations de l’activité) correspondait au choix de mettre en gérance un ami mobilisé par bien d’autres activités : il faudrait être un oligophrène sourd et aveugle pour ne pas le comprendre.

Mercredi 13 août
Voilà, j’ai signé les six exemplaires de l’acte de cession de la part sociale que j’avais dans la Sarl de presse LH et j’envoie le tout à Karl C. Point final à tout lien juridique avec le croupion restant de la mesnie heïmienne.
De retour depuis lundi à Lyon. Bilan très mitigé de la dernière étape au Cellier. La présence de Richard sur l’ensemble du séjour a tendu l’ambiance (notamment avec André) : l’harmonie et la gentillesse naturelles du cocon familial ont été mises à mal. Sa façon d’être, ses réflexions ironiques irritent. Pour ma part, j’ai joué le retrait fréquent dans la chambre pour ne pas éclater. J’espère que nous pourrons éviter, à l’avenir, une telle longueur dans la quotidienneté avec lui. A noter la résurgence de sa propension à l’alcool. Tout cela n’augure rien de bon pour le couple Louise-Richard.

Dimanche 24 août
Après les distractifs Gardiens de la galaxie, l’après-midi aux abords de la roseraie du parc Tête d’Or encore bien vide. Une température presque fraîche lorsque le soleil se fait voiler.
Situation pro au point mort et rien pour me motiver. Fin septembre, je devrais débuter une douzaine d’heures hebdomadaires pour Cqfd en prépa concours sécurité publique. A ce jour, quatre ou cinq cours particuliers qui devraient s’amorcer…
Démarche de poser des affichettes dans les magasins de proximité pour vendre en direct mes services d’enseignant à domicile… mais aucun appel à ce jour.
J’enchaine les échecs sans que cela m’atteigne réellement. Mon retrait des schémas communs m’éloigne de tout. Ni carrière, ni réussite, du vivotage sans plus. Du remplissage redondant, voilà de quoi se constitue l’essentiel de mon existence…
Ce témoignage, lui aussi, fait des moulinets dans le vide. Reçu de Karl C. un exemplaire signé de l’acte de cession envoyé en six originaux et accompagné du règlement (cinquante-six euros !) : voilà peut-être ce qui marquera le point final avec cet univers moribond.
Littérairement, il me faudra réintégrer les passages sur Heïm dans mon Journal à taire.
Au calme, cette fin de période estivale me laisse en léthargie.
Laisser cette petite plume affadie par manque de contenu.
Changement de lieu : banc vers les daims face à l’étendue verte, mais sous un angle différent de l’habitude.
Ruminer ses regrets alors que le temps file et que les décennies passées sont perdues, confine au nihilisme.
Je crois foncièrement avoir passé mon tour. Ce monde aurait pu me convenir dans l’utopie que j’avais échafaudée autour d’êtres qui me semblaient à l’aune de l’harmonie rêvée. L’effondrement de cet univers de châteaux de cartes s’est doublé du délaissement de tout projet personnel. Au fond, ce que j’annonçais dans Excroissances jouissives est toujours d’actualité et le sera probablement jusqu’à ma fin : du remplissage truffé de quelques plaisirs superflus. Pas d’interruption prématurée, mais aucun élan constructif. Si je perdais ma BB, je sombrerais sans effort dans la perdition miséreuse. Déjà orphelin d’idéaux par l’escroquerie heïmienne, je n’encaisserai pas la disparition de ma bouée affective, ce fil ténu qui préserve encore mon peu d’allant.
Comment échafauder quoi que ce soit de captivant pour les autres lorsqu’on est soi-même comme étranger à ce monde. Une grisaille générale m’envahit, je ne parviens plus à faire émerger un sujet d’article.
Avant même ses prolégomènes, la rentrée m’exaspère. Chacun a son petit jeu pour paraître plus que l’autre, inépuisable en anecdotes, indépassable en dépaysements de tous genres…
Moi, je propose mon vide. Rien de nouveau, rien à raconter, imperméable au reste, sans projet, sans illusion.
Une simple pelouse du parc Tête d’Or offre une large palette de la comédie humaine. Chacun tourné vers son entité plus ou moins fournie. Touchante scène : un père tentant d’entraîner ses filles et son petit garçon à tenir sur le vélo sans petites roues. Notre pays en est là : en voie de perdre l’équilibre, celui chargé de lui redonner un peu d’aplomb manque un tantinet d’épaisseur stabilisatrice.
Le gloubi-boulga politique va s’imposer au menu de la France engourdie. Au diapason de cet été pourri, les semaines de reprise vont charger un peu plus l’horizon. Pourtant, quelle douceur de vivre apparente dans cet espace ouvert au jeu, à la détente, aux sentiments.

Jeudi 28 août
En fait, rien à écrire…
Ah si ! demain un premier cours particulier via Exude pour la nouvelle année scolaire. De l’infinitésimale activité qui devrait m’inquiéter… Je me sens en léthargie, sans envie de rien.
J’ai continué un peu ce soir à réintégrer les passages réservés jusqu’alors au blog clandestin Heïm le maudit dans l’année 2001 du Journal à taire.

4 septembre
Du « po’v con ! » aux sans-dents…
Ce matin, dans un tabac-presse de Lyon, un quidam grognon lance au buraliste : « Alors Hollande, il n’aime pas les pauvres… Il n’aime pas les riches… Il n’aime pas les femmes… En fait il n’aime que lui-même ! » « Même pas sûr… » lui répond le vendeur.
Voilà ce qui va mobiliser même ceux qui se défendent de s’y intéresser.
                                                                                                                                
Vendredi 26 septembre
Mon vivotage professionnel va se charger d’une dizaine d’heures hebdomadaires à Cqfd dès mardi prochain pour préparer une dizaine de stagiaires à leur concours respectif. Un complément des cours particuliers encore trop clairsemés que je donne.
Précarité, je suis en plein dedans, mais aucune angoisse, juste ma cyclothymie habituelle qui prolonge peut-être davantage mes périodes moroses.
Je poursuis la conception d’acrostweets, mais à pas de sénateur… Bientôt deux cents, dans mon Répertoire. Thèmes les plus variés, au gré de l’actualité et de mes élans littéraires. Aujourd’hui, Brigitte Bardot qui doit fêter ses quatre-vingts ans, hier Hervé Gourdel l’otage français décapité par des barbares intégristes d’Algérie, et avant-hier justement sur l’entité terroriste Daech dont ces criminels se réclament.
Ce jour, les musulmans de France doivent manifester leur hostilité à ceux qui assassinent au nom de leur religion. Attendre de voir l’envergure de la mobilisation, mais peut-être un tournant dans l’attitude de ces croyants dont le silence, et parfois la complaisance, sur/envers ces obscurantistes me navraient. Nous verrons les effectifs.
Le soleil automnal, dans un parc Tête d’Or peuplé très modérément, ressource.
La pelouse face à moi accueille un duo qui se croit sans doute au printemps excitant… la fornication n’est pas loin.
Quelle perception du monde immédiat aurait quelqu’un s’interdisant toute actualité hors son champ de vie ? A des années-lumière des trépidations tourmentées de la focale médiatique. L’existence sereine, évidemment répétitive, ne trouve aucun reflet de cette agitation permanente rapportée. Accorder trop de place à ce suivi revient à garder le nez sous le microscope qui résumerait l’existence aux mouvements moléculaires avec un chaos apparent parce que surexposé et grossi.
De la même façon, le défoulement des commentaires odieux sur Internet vient contraster avec l’habituelle retenue des mêmes en société réelle. Le moindre fait qui trouve écho sur Big Media déclenche aussitôt une flopée d’interventions que la plupart n’assumeraient pas s’ils devaient les prononcer physiquement en public. En cela nous sommes au-delà des simples emportements de comptoir. Il s’agit, par l’anonymat et l’espace virtuel, de ne rien retenir de sa facette outrancière inassumée. La virulence anonyme devient la règle et donne là aussi une image désastreuse des réseaux sociaux. Avant, cela restait confiné au cercle d’amis, à la famille voire dans son for intérieur. Désormais, chacun peut publiquement s’improviser petit pamphlétaire anonyme sans rien assumer. Le débat s’en trouve d’autant perverti se colorant chaque fois des excès sans visage…
L’univers du pseudo encourage le règne du falsifié, de l’artificiel, des planqués. Se promener sous les articles du jour avec leurs dizaines de commentaires donne l’ampleur de la pratique. Peut-être 1 % de signatures correspondant à une identité réelle… Internet devient une gigantesque boite crânienne collective où chacun peut découvrir la part des pensées des autres qui, normalement, ne les verbalisent ou ne les écrivent jamais. Une glasnost psychologique nullement révélatrice d’une détérioration de ce qui est pensé… c’est juste sa mise en lumière par la publication sur un support public.
Autrement plus dramatique, la mise à mort parce qu’il y a en perspective une mise en ligne terrorisante. Les barbares intégristes ne dégouttent d’obscurantisme que dans leur conception du monde, pas une once dans leur rapport à la modernité technique. Là, c’est au contraire à qui usera le plus de cette fabuleuse caisse de résonance. Les opérateurs de cet Internet, au premier rang desquels Google, ne peuvent-ils rien pour aider dans la lutte contre ces égorgeurs ? Ethique minimale et technique ne peuvent-ils, pour une fois, se combiner ? Les égorgés colportés sur la toile n’émeuvent-ils pas plus les propriétaires des supports que les traders qui achètent le pétrole de Daech ? L’argent n’a, paraît-il, pas d’odeur, mais l’or noir et les cadavres si, une très forte qui devrait longtemps empuantir les narines des complices par abstention.
La liberté à tout prix ? Quitte à laisser prospérer et parader ces assassins en bandes très organisées. Autant la liberté d’expression est un principe quasiment sans bornes, au contraire de ce que voudraient nombre de religieux, autant la liberté de colporter ses crimes doit être évincée… Un éditeur ouvrirait-il son catalogue à un Michel Fourniret, un Guy Georges ou un Patrice Allègre pour qu’il raconte en détail ses crimes en série ? Je ne le crois pas… pas encore peut-être… Alors pourquoi Internet, dont chaque parcelle virtuelle est la propriété d’une personne physique ou morale, ne peut-il avoir le même encadrement ? Réponse simple : pas de frontières possibles… si, celles du globe : une autorité mondiale avec des pouvoirs effectifs puissants s’imposera peut-être lorsque nous verrons les territoires réels, sous la coupe des massacreurs, venir directement grignoter les nôtres… En attendant, il nous faut assister (ou pas mais ça ne changera rien) aux parades mortifères.

Lundi 22 décembre
Sans être mobilisé par des acrostweets tous azimuts, mes pontes restent sporadiques, je délaisse ces petits carreaux à la Clairefontaine. La sérénité existentielle ramollit le verbe, assèche les occasions scripturales.
Le TGV direction Paris me fournit l’intermède bénéfique pour un point parcellaire.
Kate s’est à nouveau manifestée par courriel quelques semaines après que je lui ai permis d’accéder au blog Heïm le maudit. Dans ces lignes, elle s’excuse de ne pas m’avoir écrit plus tôt et ne s’attarde d’ailleurs pas, arguant de « graves problèmes ». Elle se demande pourquoi je me suis arrêté à 2010 pour ce réquisitoire : pas pris le temps de saisir d’éventuels passages du Journal en retrait qui viseraient Heïm et de moins en moins d’intérêt, même fulminatoire, pour le personnage incinéré… Elle reviendra prochainement vers moi pour me livrer son ressenti sur mes révélations.
L’époque pourrait régénérer mon vitriol pour d’assassines gerbes : même pas. Je laisse couler le temps assistant à cette droitisation de la société version nationalisme ras-le-territoire. La Marine à gros sabots a su s’entourer pour viser le spectre électoral le plus large. Les radicalisations amplifient leurs échos par l’expression publique directe. Une forme de pluralisme hémorragique où chacun s’érige comme censeur improvisé, imprécateur bâclé, inquisiteur débridé. Tout cela incite à cultiver le silence, l’éloignement du bavardage inutile. Que restera-t-il de ces masses expressives sur la toile percée ? Très très peu de choses qui valent la peine d’être relues à une date ultérieure. Un néant perpétuel qui s’illusionne quelque chose, voilà l’internaute en réseau…
Au moins, dans ces pages, je suis vraiment seul, je le sais, je l’assume, je le cultive. Oser écrire pour le confidentiel intégral, l’évocation clandestine, l’obscur positionnement qui focalise mon unique attention, et encore…

Mardi 23 décembre
Les experts en terrorisme redoutaient, entre autres menaces, le recours à la bombe sale, c’est finalement la bonne vieille taule ondulée à moteur qui sert d’arme d’écrasement massif à quelques fêlés du ciboulot : le dernier ayant sévi à Nantes a fini sa mission en se poignardant… Quelqu’un l’aurait-il entendu crier non pas « Allahou Akbar » mais « C’est ma faute, ma très grande faute ! » ? Du marché de Noël aux écrasés du réveillons, la bûche va rester coincée, le chapon encastré dans l’assiette et le foie grassement étalé sur la nappe…
Un menu indigeste…

Vendredi 26 décembre
Passage parisien diversifié avec trois points de chute pour réveillons successifs. Saint-Crépin et Jean qui profite de son statut de « salarié inactif » pour s’adonner aux loisirs différés (comme la musique) et au bricolage à visée restauratrice de son lieu de vie. Toujours aussi agréable à côtoyer, les deux repas partagés ont permis le tour d’horizon informatif. A Rueil chez mon père, un séjour sans surprise, avec ses instants conviviaux truffés de râlements quasi systématiques. L’âge ancre en lui ces sautes d’humeur qui entachent les moments voués à la convivialité affective. Rien à faire que de laisser couler la grogne sous peine de gâcher irrémédiablement les déjà rares instants communs. Son rapport à Anna tutoie parfois, dans la verbalisation, le machisme primaire. Elle a ce sens subtil, que ma mère n’avait pas, de répondre juste ce qu’il faut, sans renoncement excessif ni obstination délétère source d’un conflit permanent. Point de réjouissance : la complicité fraternelle entre Alex et Raph, chacun sur des trajectoires très différentes et s’enrichissant mutuellement de leurs expériences avec un sens de la dérision qui me rappelle celui que je partageais avec Karl avant les divergences définitives.

Hier soir, raclette à Rambouillet chez Jim et Aurélia, en présence de maman. Le frérot ne semblait pas dans ses meilleurs jours au point de mal prendre le jeu sur la langue française offert par Anna (BB et moi avons reçu le même) dans lequel il y voit un message dépréciatif sur son niveau en français ! Comment soupçonner ce genre d’arrière-pensée chez l’acheteuse du présent incriminé qui se veut plutôt un hommage à notre curiosité intellectuelle jusque dans le ludique. Elle ne lui a pas proposé Le français pour les nuls que je sache… En apprenant ces propos allusifs (« faire passer un message dans les cadeaux ») Anna ne décolère pas. Pour le reste, très agréable dîner festif et déconnades joyeuses notamment autour de la fée volante reçue par Nalya du père-noël de Rueil.

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